Elle ne comprenait plus rien. Ses sentiments, sa vie, tout partait en lambeau. Son mariage avait éclaté, sa famille aussi. Soudainement Frankie se retrouvait face à ses cauchemars et ses nombreuses insécurités. Plus de famille vers qui se tournés, personne pour lui insuffler cette force dont elle avait toujours eu besoin. Sa principale ressource d'énergie l'avait lâchement abandonné pour des raisons des plus injustes. Et voilà que Will se comportait comme un crétin, semblant tenter par tout moyen de la détruire. Lui qui l'avait aimé comme personne ne l'avait jamais fait. Elle se sentait ridicule sous ses mots, comme si chaque parcelle de dignité s'enfuyait de son corps trop pâle. Il lui avait tout prit et voilà que les autres l'aidaient à creuser plus encore. Et Ezra, oh Ezra. Ce patron, cet ami, la source de bien des problèmes. C'état lui qui lui avait présenté Elyas, le charmant et charmeur Elyas. C'était lui aussi qui l'avait mise en équipe avec William. Source de ses malheurs, il devait être tranquillement dans son bureau alors qu'elle tentait de recoller les morceaux cassés de son âme que son ex mari avait éparpillés durant leur dispute dans ce bureau qu'ils étaient censés partager pour plusieurs années. Non, ça ne pouvait se passer comme ça. Elle ne tiendrait pas longtemps dans ces conditions.

La porte valsa sous la force soudaine de la blonde alors qu'elle entrait en trombe dans la pièce fraîchement décorée. Le bruit sembla raisonner dans l'immeuble entier des secondes durant et pourtant elle ne s'en formalisa pas, pas plus que les regards surprit qui se tournaient vers elle à cet instant depuis l'extérieur du bureau. Jamais encore ses collègues ne l'avaient vu dans un tel état de fureur, encore moins son patron. Il lui semblait que la faillite soudaine de son mariage lui avait fait perdre l'esprit. Elle buvait, sortait toujours plus et enchaînait les coups dans tout ce qu'elle pouvait. Elle dérapait complètement de ne plus se sentir complète, comme avant. Sans Will elle redevenait Elsa, la gamine solitaire aux cauchemars incessant et aux peurs sourdes. C'était un enfer que de ne plus avoir confiance en soi même soudainement. Et voilà que cette femme, cette Elsa aux protections tombées se retrouvait nez à nez avec un William qui lui semblait inconnu. La tempête qu'il avait été avant leur rencontre. Si Frankie avait toujours su calmer Will, Elsa elle n'avait plus aucun pouvoir sur William. Et dès lors supporter sa compagnie devenait un enfer. Merci patron. « Tu pensais à quoi ?! » Elle était entrée dans le bureau d'Ezra si soudainement que celui-ci n'avait semblé pas comprendre. Elle s'en fichait du regard qu'il posait sur elle maintenant, tout comme de celui des autres qui se demandaient si oui ou non ils se devenaient d'intervenir. Elle allait trop loin que de parler ainsi à son employeur. Mais en cet instant, Fran n'en avait rien à foutre. Ce n'était pas le patron mais l'ami qu'elle venait voir, le visage rouge et les poings crispés. Au même moment de l'autre coté du commissariat se trouvait son nouveau coéquipier, interrogeant la victime. Il l'avait évincé immédiatement. Ils n'avaient rien à foutre ensemble, surtout pas maintenant. A dire vrai, la présence de Will la faisait se sentir si mal, si pitoyable. Elle avait été l'infidèle. Et si tout le monde savait pour le divorce, les causes cependant n'avaient jamais été étalés au grand jour. Par respect pour l'amour qu'ils s'étaient un jour portés peu être. Quand bien même elle risquait en venant ici de dévoiler l'horrible vérité, elle ne pouvait tenir plus longtemps. « Me mettre en duo avec Will, mais t'es malade ? » Le patron, l'ami. Elle ne savait plus trop en vérité. Elle fulminait, chose si rare chez elle. Entendant de longs murmures derrière elle, elle se retourna pour voir une bonne partie de ses collègues, les yeux fixés sur elle, commérant pour un oui ou pour un non. Consciente du spectacle elle grogna de rage avant de fermer la porte, pour de nouveau faire face à Ezra. « Je ne veux pas travailler avec lui, change moi d'équipe. » L'ordre était lancé, le refus ne serait pas accepté. Il devait accepté, ou s'en prendre plein la gueule.

Il avait semblé si surprit de la voir arriver tel une furie dans son nouvel office. Une bureau bien trop grand au gout de Francesca qui jamais ne s'était pourtant permis la remarque. Ezra était un flic exemplaire et un collègue sérieux. De mémoire d'homme, c'était surement la première fois qu'elle s'énervait contre lui. Elle qui avait toujours été connu pour être posée, réfléchis et douce. Une bonne blague. Il était resté sur son fauteuil, surement trop confortablement installé pour quitter sa position d'homme de pouvoir. Et sa voix calme ne servit d'autres intérêts que de mettre plus en rogne encore la jeune femme. Il avait raison pourtant, elle n'avait pas le droit de lui parler sur ce ton. Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'il lui avait prit ci ce n'étais que le comportement enfantin de son ex mari avait fini par complètement la retourner pour n'en faire plus qu'une simple pelote de nerfs tendus à sec. Elle serra les dents, se contentant d'un grognement, à moitié contrainte, à moitié d'accord. Ses dents vinrent directement attaquer la chaire de sa lèvre carmin pour ne pas que la colère ne reprenne le dessus. Elle n'avait pas le droit de se lâcher ainsi sur une homme que partiellement responsable. Il n'était pas celui qui avait trompé l'autre. Il n'était pas celui qui avait exigé des enfants. Il n'était personne dans ce problème qui l'étouffait. Elle le vit froncer des yeux et sus que ce qui allait suivre ne lui plairait pas. Les mots du bruns tombèrent et avec eux la foi de Frankie. Elle ouvrit de grands yeux surprit avant que la résignation ne vienne la gifler en pleine face. Alors voilà, il ne savait pas. Il n'avait pas la moindre idée de ce qui se tramait dans son propre commissariat. Cet homme qui se disait ami n'avait aucune conscience de ce qui les entouraient tous en cet instant. Tentant de garder son calme face à l'homme, elle souffla imperceptiblement avant de reprendre, d'une voix qu'elle tenta de contenir pour parer à toute curiosité extérieur. « Félicitation shérif, pas foutu de te mettre au courant de ce qui se passe sous ton propre toit. » Croisant les bras elle le regarda s'asseoir. Il en restait là, vraiment ? C'était ridicule. Plantée là elle attendit qu'il parle mais ses mots ne furent pas très concluant. ]« Pour ta gouverne, nous étions mariés avant même de recevoir nos diplômes de l'école de police. » Quand bien même elle en voulait à Will, elle ne pouvait oublier les années de mariage heureux qu'ils avaient eu. Ils s'étaient rencontrés au lycée. La parfaite histoire d'amour. Elle se devait de le préciser à Ezra, besoin fondamental d'une femme ne se remettant pas d'un divorce trop brusque. Elle se souvenait encore de l'école de police, des camarades et de William toujours prêt à l'aider, à la défendre face aux instructeurs trop brusque. L'homme parfait, une façade. Ils auraient été si heureux, pourquoi avait-il fallut qu'il ne lui réclame des mioches ? « On ne s'est pas disputés, pas vraiment. » Ils avaient eu beau s'engueuler des millions de fois, jamais Will n'avait été aussi froid et brusque que maintenant qu'elle ne portait plus son nom. C'était un étranger. Elle se laissa choir sur le fauteuil avant d'être sur qu'il restait concentré sur elle. Alors, elle lui tendit la main gauche, lui montrant le dos de celle-ci. « Tu vois quoi ? » Elle lui laissa quelques secondes, avant de retirer sa main. « William a demandé le divorce il y a quelques mois. Nous venons de signer les papiers. Mais tu étais tellement occupée lorsque j'ai voulu t'en parler que tu n'y as pas fais attention. Et maintenant mon ex mari qui me déteste se retrouve toute la journée dans la même pièce que moi à parler meurtre, et je peux t'assurer que ce n'est pas du boulot qu'il est question. » Elle se laissa tomber sur le dossier du fauteuil, croisant les bras, avant de reprendre. « Je refuse de travailler une minute de plus avec cet abruti. Trouves moi un autre coéquipier. » Un ordre, encore. Elle n'était pas en mesure de négocier pourtant. Mais l'enfer humiliant qu'elle avait subit ce matin encore l’incitait à lutter plus encore pour ce dont elle avait envie une bonne fois pour toute.

Francesca se sentait si démunie, si fâchée. Ou bien était-ce Elza. Elle n'était plus capable de dire si il s'agissait d'elle ou bien de cette version fragile et malheureuse d'elle même qu'elle avait tenté d'enterrer pendant tant d'années qui revenait subitement, face à cette situation qui lui semblait intenable. Travailler avec l'homme qui la détestait la plus au monde, une blague. Elle ne se sentait pas prête à lui faire face, pas maintenant, pas après ce qu'ils avaient vécus. Et le ton amer et agressif qu'il employait contre elle la terrifiait un peu, en plus de la blesser au plus profondément de son être. Et Ezra qui ne comprenait pas. Comment aurait-il seulement pu comprendre enfin ? Il ne savait pas ce que c'était que d'être marié, que de se lever aux cotés de la même personne pendant plus de dix ans, que de savoir tout d'elle. Elle avait eu envie de disparaître de la surface de la Terre le jour où William lui avait demandé le divorce. Plus qu'une blessure, il s'agissait d'une véritable amputation. Toute sa vie en avait été chamboulée. Et voilà qu'on lui trimbalait la partie morte et arrachée d'elle même toujours sous les yeux. Elle avait beau tenter de tout faire pour paraître remise de ce désastre, elle n'en dormait pourtant plus la nuit. Et voilà que son boss prononçait la sentence finale. Pas possible. Ce mot était foutrement douloureux. Elle en avait les larmes aux yeux et pourtant elle se retint, gardant son air fier de toujours. « Tu ne peux rien faire ? » Sa voix fini dans les aigus alors qu'elle se laissait tomber un peu plus encore dans son siège. C'était un cauchemar dont personne ne voulait prendre la peine de la sortir. Bientôt elle s'étoufferait pour se perdre dans une mort certaine. « Ezra, je ne tiendrai pas. » Toute sa colère s'était envolée alors qu'elle le regardait, complètement impuissante et déchirée. Ils allaient tous la rendre folle. Et le pire dans tout ça, c'était qu'elle ne parvenait pas à en vouloir à l'homme en face d'elle qui semblait si désolé. Il n'était pas responsable, pas vraiment. Elle était la première responsable de ce carnage, et la première victime. À se prendre la tête dans les mains et se passer les doigts dans les cheveux il lui donnait presque pitié et si la situation n'eu pas été aussi grave elle se serait occupée de le rassurer. Mais c'était elle la première touchée. Avalant malgré tout sa salive elle tenta de passer outre la boule se formant dans son estomac tout retourné. « Alors... Je vais devoir attendre. Un mois. » Un mois, c'était long. Elle ne le regarda pas se lever, pas même lorsqu'il entreprit de tourner en rond pour ne pas gaspiller d'énergie à autre chose. Elle garda les yeux fixés contre le mur, statique. Jusqu'à ce qu'il ne pose la question que tout le monde leur posait et pour laquelle elle n’avait toujours pas trouvée de réponses. « La version courte ? » Un sourire sans humour prit place sur son visage alors qu'elle se tournait vers lui, passant à son tour sa main moite sur son visage tendu. Elle avait si honte. « J'ai dis non à will quand il a voulu un enfant. Il m'a dit non quand j'ai voulu que nous continuions notre vie à deux comme toujours. Alors j'ai été dire oui à ton ami Elyas... » Elle baissa les yeux, plus en colère contre elle même désormais. « Jamais je ne me saurais cru foutu de tromper mon mari. Moi, t'y crois ça ? Je ne suis qu'une idiote. » Idiote, elle le répétait souvent en ce moment. À force de se le dire, elle avait fini par complètement accepter cet état de fait. « Je ne tiendrais pas un mois avec ses remarques acerbes et son regard furieux Ezra. Je préfère encore faire la circulation. » Elle était sérieuse. Elle gâcherait son potentiel, elle, l'une des meilleurs flics de la brigade. Elle avait beau adorer son métier et vivre pour sa carrière, elle préférait encore tout foutre en l'air que de vivre ça. Ce sacrifice qu'elle n'avait pas su faire pour Will et ses envies de paternité elle oserait le faire pas culpabilité et fierté.

C'était hors de question. Pourquoi l'avait-elle sentie venir ? Son désespoir fini par la lâcher pour ne plus être qu'une désolation sans gout, presque amère. Elle était surement maudite après tout ça. Les femmes infidèles brisant les vœux sacrés du mariage n'obtiennent que malheur et désolation, non ? N'était-elle déjà pas dans cet enfer de feu promis par l'Eglise depuis les premiers hommes ? Voilà qu'elle allait brûler dans les bras d’Hadès pour avoir avoir osé poser les yeux sur Elyas. Voilà que Satan viendrait la prendre dans son sommeil, se jouant d'elle comme d'une poupée de chiffon, avant de la briser en milliers de morceaux. Et tout ça, elle le méritait. Elle méritait les gifles reçu dans ce bureau alors que les mauvaises nouvelles s’abattaient sur ses épaules. Elle méritait la haine de William, ses yeux accusateurs, son ton acerbe et sa haine pourtant vaine. Le mal avait été fait, plus aucune nécessité que de se battre. La vengeance comme seul exutoire, voilà ce qu'il restait à l'homme blessé toujours seul détenteur de son cœur meurtrit. Et elle se prenait cette vengeance en pleine figure. Plus vraiment sa femme, pas vraiment sa collègue. Ni privée ni publique. Une relation qu'elle n'arrivait pas à se figurer. Pour elle, tout ça ne pourrait que finir extrêmement mal. Elle refuserait de quitter son job, de perdre la dernière chose qui la tenait en vie. Elle refusait de changer de ville, voir d'Etat, trop attachée aux symboles de son enfance et de sa vie passée à Lewisburg. Elle n'avait plus qu'un choix, accepter sans mot dire. Il avait raison après tout. Elle avait refusé la vie dont rêvait William pour sa carrière, ce n'était pas le moment de faire marche arrière. Elle préféra ne rien dire, le regard au sol, ressassant les paroles de son patron. Gâcher. Quel choix de mots. Ça la mettait presque mal à l'aise et pourtant elle ne fit aucune remarque, qu'aurait-elle pu dire de toute façon. Elle préféra regarder sa main, vierge de toute bague. L'une des choses qui lui manquait le plus, son alliance. « Je pense qu'il viendra te voir, oui. » Soupira-t-elle, soudainement désolée pour Ezra qui devrait surement supporter la tempête Breckenridge. Il lui proposait un mois d'effort contre toute une vie de répits. Ce ne serait pas bien dur pour elle, elle savait passer outre pour son travail. Celui-ci était d'une importance capitale dans ça vie. C'est de William qu'elle se méfiait cependant. Il n'avait pu faire l'effort de mettre leur passé de coté pour cette première journée de travail, pourquoi en ferait-il plus pour le reste des vingt-neuf jours ? « Très bien, je ferais un effort. Je ne te promet rien, mais je vais le faire. » Elle lui adressa un mince sourire, avant de lâcher la bombe. Celle-ci sembla le bouleverser plus que de raison. Ce qui la fit elle aussi froncer les sourcils, fatiguée de se voir jugée toujours un peu plus par ses proches. « Il m'a prit que je n'en pouvais plus. Ça faisait des mois que ça n'allait plus avec William, qu'il m'ignorait pour- » Elle se coupa. Il n'avait pas besoin de savoir, ni pour le bébé, ni pour le reste. « On ne s'adressait quasiment plus la parole. Il m'en voulait pour des conneries. Et à un moment j'ai craqué. Et Elyas était là et... Et il n'y a rien d'autre à dire. » Finit-elle par lâcher, se mordant la lèvre alors qu'il tentait de comprendre, le regard dur. Elle hésita, et se décida à ne plus mentir. Ça n'aurait servit à rien que de ne pas lui dire la vérité. « Au départ non, c'était juste un coup comme ça. Et puis je l'ai avoué à William. Et lorsque le divorce a été en route, j'ai revu Elyas une ou deux fois, et depuis... » Elle chercha ses mots et en manqua. Elle n'était pas en couple avec lui. Elle ne le fréquentait pas. Ils n'étaient pas même amis, enfin pas d'après elle. « Il me soutient vraiment, je me sens bien avec lui. Mais personne ne sait qu'on se voit. » Elle insista sur les derniers mots tout en le regardant, espérant bien qu'il garderait le silence. « Ne me juges pas s'il te plait. Tu ne comprendrais pas ce que ces derniers mois ont été. » Frankie le regarda, mal à l'aise. Que faire maintenant, retourner au travail ? Aller à l'assaut de cette bête sauvage qu'était son ex mari ? Ou se cacher dans cette pièce jusqu'à ce que le monde en dehors ne soit plus que poussière et fumée ?