Tu jetas le t-shirt au sol, énervée. C'était le troisième que tu essayais depuis tout à l'heure et le même problème était toujours présent : la poitrine. Ton corps commençait à trahir ta condition, tel un rappel à l'ordre, au cas où tu aurais oublié qu'un truc se trouvait maintenant dans ton ventre et que tu ne pouvais rien faire contre ça. On te possédait littéralement de l'intérieur. C'en était presque glauque, comme Alien ou... comme si tu avais le ténia. Hum, super comparaison, maintenant tu avais envie de vomir. Soupirant, tu optas pour une chemise blanche en soie, classique et simple, que tu boutonnas jusqu'à ce que ta poitrine le permette. C'était comme si ton corps t'offrait de lui-même un magnifique décolleté, le seul avantage de la grossesse, bien que ces nouvelles formes mises en valeur pourraient paraitre décadentes d'un point de vue professionnel. C'était l'alerte de trop, déjà que tu commençais à être serrée dans tes pantalons -au moins ton ventre était toujours plat. Tu envoyas un texto à Kira pour lui demander de te retrouver demain au centre commercial, histoire de refaire ta garde-robe. Jetant un coup d’œil à l'heure, tu te dépêchas de sortir. Il ne manquerait plus que tu sois en retard pour le voir lui.
Tu te dirigeas directement vers son cabinet et lus son nom sur la plaque à côté de la porte. En entrant, une jeune femme t'accueillit, surement sa secrétaire, et te demanda de patienter quelques minutes. Déjà, tu sentais le stress monter en toi. Tu n'étais peut être pas encore prête, après tout. Non. Ce n'était pas une bonne idée... Et puis qu'est-ce que tu allais lui dire ? Comment annoncer à un homme avec qui tu as couché qu'une seule fois et dont tu ne te rappelais même plus le prénom avant de le revoir au tribunal, qu'il allait être papa dans quelques mois ? Bien sur, il n'y avait aucun livre sur ça. Il y avait d'innombrables livres sur presque tous les sujets possibles dans la collection "Pour les nuls" mais aucun ne pouvait t'aider dans cette situation. Évidemment. Tu commençais à faire demi-tour lorsque la porte de son bureau s'ouvrit au même instant. Trop tard, impossible d'éviter cette rencontre, il était juste devant toi. Tu relevas la tête et tentas d'afficher un sourire professionnel et empli d'une assurance que tu n'avais pas en cet instant bien que tu tentais de le dissimuler, puis tu vis l'étincelle de trouble dans son regard lorsque vos yeux se croisèrent, qui voulait surement dire "eh mais je te connais toi, on n'a pas couché ensemble, une fois ?". De quoi rendre le rendez-vous encore plus gênant. Tous deux dans son bureau, il ferma la porte. Là, tu t'assis l'air de rien, attendant qu'il fasse de même de l'autre côté du meuble. Un silence gênant s'installa entre vous pendant quelques secondes. Après les banalités et les présentations officielles, tu n'avais pas su comment enchainer. Ouvrant la bouche comme pour t'encourager à parler, tu te mis alors à aborder le sujet de l'affaire juridique pendant laquelle tu l'avais croisé, il y a quelques jours. L'affaire médiatisée du moment, la séance au tribunal s'était déroulée en huis-clos mais en découvrant qu'il était l'avocat de l'accusé, tu avais fait en sorte d'obtenir un rendez-vous avec lui. Tu te raclas la gorge et ta voix vint briser le silence de glace. « Vers quel verdict pensez-vous que les jurés iront à l'issue du procès ? » Ce n'était même pas une question pertinente. Tu avais besoin de faits, de quelque chose de concret, non des suppositions ou l'avis subjectif de l'avocat d'une des parties. Et puis la question allait sans doute l'irriter, les avocats détestaient révéler ce genre de choses sur une affaire, surtout lorsqu'elle se passe en huis-clos. Tu te mordillas la lèvre inférieure, regrettant déjà d'avoir dit ça. Qu'est-ce qu'il t'arrivait ? Tu paraissais impuissante alors que tu avais déjà dû couvrir des affaires ou des cas bien plus complexes. Une envie soudaine de te donner des baffes pour te réveiller te traversa l'esprit. Tu étais stupide, stupide, stupide. Stupide d'être venue. Stupide d'être tombée enceinte. Stupide de ne pas t'en être rendue compte. Et stupide de te trouver face au père de ton enfant sans pouvoir réussir à lui dire quoique ce soit.
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Sujet: Re: let it go (nathan+aurora) Jeu 3 Juil - 20:21
let it go
Rares étaient les fois où tu arrivais en retard à ton boulot mais il avait fallu que ta voiture te joue un sale tour en refusant de démarrer. Tu dus appeler ta secrétaire pour la prévenir que tu risquerais d'avoir du retard histoire qu'elle ne s'inquiète pas en te bombardant d'appels. Elle te rappela le rendez-vous avec une journaliste et tu levais les yeux au ciel. Combien de fois tu devais lui rappeler que tu refusais tous rendez-vous avec ces commères. A tous les coups ,il s'agira d'une journaliste souhaitant soutirer des informations sur le procès mais elle sera bien déçue en voyant que tu ne diras rien. C'était le devoir d'un avocat de ne pas dire ce qu'il se passait au cours d'un procès. Mais à l'heure d'aujourd'hui, la seule chose qui te tracassait était de savoir si oui ou non ta voiture allait redémarrer. Tu fus contrant d'appeler un dépanneur, étant donné tes capacités médiocres en mécanique. Tu eus affaire à un jeune homme fraîchement recruté qui semblait ne pas savoir d'où provenait ce problème non plus. Journée qui débutait mal, tu étais de mauvaise humeur. A ce rythme là, tu ne pourras pas assurer ton premier rendez-vous et tu chargeas ta secrétaire de prévenir ton client tandis que ta voiture fut dirigée vers le garage. Tu n'allais pouvoir la récupérer qu'en fin d'après-midi et le garagiste, en dépit de son manque d'expérience, te conduit à ton travail sachant que tu n'avais aucun moyen de locomotion. Tu arrivas à ton travail, en trombe et pus assurer ton second rendez-vous de justesse. Après ce dernier, tu pus souffler un moment pour aller te chercher un café histoire de te mettre dans de bonnes dispositions pour le reste de la journée. Tu ne comptais pas te laisser abattre, t'avais encore tellement de choses à faire aujourd'hui si bien que tu soupirais. Tu passas ta main dans tes cheveux tandis que tu rangeais encore quelques papiers quand ta secrétaire vint te prévenir que ton troisième rendez-vous de la journée venait d'arriver. Tu vidas d'une traite ton café et te dirigeais vers la salle d'attente. Tu remercias ta secrétaire, qui repartit s'asseoir derrière son bureau et continua la paperasse que tu lui avais demandé de remplir. La jeune femme te fit face et son visage ne te sembla pas si inconnu que ça. Et c'est quelques secondes plus tard que tu compris qu'il s'agissait de l'une de tes conquêtes d'un soir. Tu te raclas la gorge. Embarrassant. Soit, tu avais appris à distinguer ta vie professionnelle de ta vie privée et si elle joue bien le jeu, tu pourras très bien en faire de même. Tu l'invitas dans ton bureau et l'a laissa s'installer. Tu ne savais pas trop quoi lui dire et elle semblait pas trop quoi te dire non plus. C'était gênant. Drôlement gênée de lui faire face. Parce qu'au fond, tu n'avais rien à lui dire et tu te demandais bien pourquoi elle avait pris un rendez-vous. Mais c'était sûrement son job qu'il l'avait conduite vers toi. Mais le fait qu'il se soit passé quelque chose entre vous ne changeait rien. Tu mêlais jamais ta vie privée avec ta vie professionnelle et elle pourra te faire toutes les menaces possibles, tu n''étais pas prêt à enfreindre les règles de base de ton travail. Finalement, elle brisa ce long silence pour ton plus grand soulagement. Enfin à ses dires, tu fronçais les sourcils. Tu t'adossas à ton siège confortablement, la regardant pendant un cours instant avant de lâcher un rire ironique. C'était bien pour son travail. Les journalistes se croyaient vraiment tout permis et adoraient s'immiscer dans ce genre d'histoires. En même temps, une affaire aussi médiatisée vendait pas mal de papiers.« Écoutez, je ne vous dirais rien. Me parler ne vous mènera à rien puisque je ne vous dirais rien. Vous êtes assez culottée pour venir jusqu'ici pour me demander ça quand même. » Tu la regardais un court instant. Elle avait beau être jolie, avoir mis un beau décolleté, ça ne changerait pas la donne. Jamais tu coopéreras avec un journaliste. Tu croisais les bras et la regardais de nouveau. Quelque chose semblait la tracasser mais tu n'en tins pas vraiment compte. Peut-être des soucis de famille ou autres mais ce n'était pas tes affaires après tout. Tu ajoutas avec un ton indifférent : « Vous devez probablement connaître la confidentialité non ? » Tu n'étais pas vraiment d'humeur à jouer le gentil avocat mais plutôt le méchant. Ton aventure de ce matin avait réveillé ce mauvais coté de ta personne. Même si au fond, Aurore n'en était pas vraiment pas la cause. Tu te raidis un peu et pris un ton plus calme.« Vous vouliez autre chose ? Sinon je crois qu'on en a fini. » Car si elle n'avait rien d'autres à te dire, toi en l’occurrence tu avais pleins d'autres choses à faire comme préparer ton prochain procès. Réfléchir sur ta défense. Discuter avec ton client. Enquêter sur les failles de l'adversaire. En gros, tu avais de multiples choses à faire.
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Sujet: Re: let it go (nathan+aurora) Dim 6 Juil - 1:34
Comme tu l'avais anticipé, il n'apprécia guère la question. Le contraire aurait été le plus étonnant. « Je fais simplement mon boulot. Poser des questions en fait partie et on m'a demandé de couvrir cette affaire, alors je le fais » Ton ton était aussi sérieux que le sien, tu avais repris un semblant d'assurance et te concentrais davantage. « Nous savons aussi bien l'un que l'autre que les journalistes ne sont pas les seuls à chercher des infos utiles partout où ils peuvent. Les avocats font la même chose. » Certains avocats étaient même bien corrompus et usaient de moyens illégaux pour avoir ce qu'ils voulaient ou faire pression sur quelqu'un, ce n'était un secret pour personne. Là était tout le paradoxe du métier puisqu'ils étaient censés représenter la loi et la connaitre sur le bout des doigts. Pourtant, Nathan Jameson ne semblait pas de ce genre-là. Peut être serais-tu déçue d'apprendre le contraire, mais il avait l'air de tout bien respecter à la lettre, peut être même un peu trop puisqu'en cet instant, son manque de laxisme se retournait contre toi. La discussion ne prenait pas la tournure désirée. Lorsqu'il voulut mettre fin à ce rendez-vous, tu paniquas. Impossible que tu partes avant de lui avoir dit. La vérité, c'est que tu étais complètement terrifiée. Plus les jours passaient et plus ta peur était présente. Tu étais perdue face à cette situation, impuissante, alors que tu étais habituée à tout prévoir et tout organiser méticuleusement. Une grossesse, tu ne l'avais ni prévu ni organisé. C'était la grosse tâche noire qui apparaissait dans ta vie et qui commençait doucement à s'agrandir pour tout détruire sur son passage, comme un cancer commencerait doucement à recouvrir un organe entier sans possibilité d'opérer. Cette grossesse était ton cancer qui venait chambouler ta vie sans que tu ne l'aies demandé. Bientôt, ta vue se troubla. Bientôt, tu ne distinguais plus tes mains que tu t'étais appliquée à fixer. Tu éclatais en sanglot devant lui, aussi misérable que tu pouvais l'être. Et tu te maudissais d'avoir osé pleurer devant quelqu'un, chose que tu t'étais interdit il y a bien longtemps. Ne jamais montrer sa faiblesse. Tu pleurais beaucoup ces temps-ci, surement que la fatigue, le stress et les hormones en folie n'étaient pas le meilleur cocktail. Mais jamais devant quiconque. C'était la première fois depuis des années. Alors que Nathan t'avait vu nue il y a seulement quelques mois, c'était maintenant ton être que tu lui dévoilais. Faible petite chose pleurante. Tu étais ridicule et plus tu tentais de te calmer, plus tes sanglots redoublaient d'intensité. Les larmes coulaient d'elles-mêmes, tu te vidais de tout ton liquide lacrymale, tu te liquéfiais, te déshydratais, tu devenais eau salée. Cherchant à tâtons dans la poche de ta veste noire, tu en sortis un mouchoir en papier que tu utilisas pour essuyer tes joues mouillées et le maquillage qui aurait pu couler sous tes yeux. Pleurant toujours mais beaucoup moins intensément à présent -surement que ton corps devait manquer d'eau à force- tu tentas de parler, de t'expliquer, mais ne réussis qu'à sortir quelques faibles balbutiements à peine audibles. « Je suis désolée... Je ne peux pas partir. Je ne peux pas. » Pitoyable. Tu étais pitoyable, Aurora.
