LONG WALK HOME
❝centre-ville, 18h30. ❞

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La journée était terminée. Plus tôt que d’habitude, certes, mais Ezra avait passé la nuit précédente au commissariat pour régler une affaire qui attendait depuis trop longtemps. Croulant sous la fatigue et le poids des responsabilités, il aurait donné n’importe quoi pour rentrer chez lui et se laisser tomber sur son lit afin de dormir jusqu’au lendemain sans interruption. Avec un peu de chance, personne ne l’aurait dérangé en pleine nuit pour lui demander de revenir au commissariat. Mais Ezra avait d’autres choses à faire avant de pouvoir se détendre : aller acheter une nouvelle chemise, passer chez le disquaire, boire un verre au Witter’s Bar. Il gara la voiture de fonction le long du trottoir et se traîna d’un pas lent dans la ruelle, s’efforçant d’esquisser des sourires faussement ravis chaque fois qu’on le saluait. Ezra finit pourtant par ranger son étoile dorée dans sa poche pour qu’on l’oublie un peu. Être shérif avait autant d’inconvénients que d’avantages, c’était indéniable. Il commença par passer à l’OASIS MUSIC SHOP pour fouiner parmi les rayons à la recherche de vieux groupes de rock qu’il ne connaissait pas. Ezra avait beaucoup de mal avec ce qui se faisait aujourd’hui, avec les nouvelles technologies et tous ces trucs qu’adorait sa sœur. Contre toute attente, il ressortit les mains vides car ce mois-ci, il devait se méfier de ses dépenses et il devait encore acheter de nouveaux vêtements. Le soleil était encore haut dans le ciel, l’été apportant son lot de chaleur et de bonne humeur habituelles. L’homme mourrait de chaud avec le pull qu’il portait par-dessus sa chemise tâchée par le café qu’on lui avait renversé dessus plus tôt dans la journée. Il aurait pu accepter l’argent qu’avait proposé la stagiaire pour se faire pardonner, mais il n’allait quand même pas accepter ! Passant une main dans ses cheveux bouclés, il soupira et tourna à l’angle de la rue en regardant l’écran de son portable. Il ne vit pas la silhouette faire de même. Ezra la percuta et laissa échapper une exclamation de surprise, le cœur battant. Ça lui apprendrait à envoyer un sms en marchant ! « Désolé, je … Oh, Claris. » Ce fut un mélange de soulagement et d’anxiété qui s’empara de lui. Il posa sa main sur l’épaule de sa sœur cadette et chercha ses yeux des siens. « Ça va, je ne t’ai pas fait mal ? » Quand ça concernait Claris, Ezra paniquait rapidement. En jurant de s’occuper d’elle plus que de lui-même, le shérif était devenu faible et paranoïaque. Il ne supportait pas l’idée de la savoir triste, seule, en danger, ne supportait pas l’idée qu’elle puisse avoir peur, avoir mal, et toutes ces choses contre lesquelles Ezra ne pouvait rien. « J’étais justement en train de t’envoyer un message pour te proposer de manger en ville ce soir, je n’ai pas fait les courses et on n’a rien à manger à la maison. » Il jeta un coup d’œil autour d’elle et reposa son regard sur Claris. « Mais peut-être que tu as déjà quelque chose de prévu, du coup, vu que tu es là. » Leur relation étonnait bien des gens dans leur entourage. Nombre de ses ex avaient même clamé haut et fort que c’était malsain. L’était-ce ? Qu’y avait-il de mal à vouloir protéger et aider à grandir le seul membre de sa famille qui lui restait, en dehors de Lester ? Claris était ce qu’il avait de plus cher, et personne ne changerait ça.

long walk home ✻ ezra and claris.

Un soupir s'échappa de la bouche de la jeune fille, elle avait un mal de crâne monstrueux à cause des enfants qui avaient hurlés toute l'après-midi. Claris était seule, dans les vestiaires féminins de la clinique. Sa blouse était déjà pliée dans son casier, mais elle ne s'était pas encore changée. Assise sur un banc des vestiaires, la jeune fille se massait doucement les tempes, espérant tout de même alléger son mal de tête, même si ça n'allait pas sûrement pas marcher, néanmoins ça l’apaisait un peu. Il était six heures environ et c'était déjà la fin de son service. Normalement, elle devait faire le tour des chambres de la pédiatrie mais elle s'était occupée des enfants toute l'après-midi donc, ce n'était pas la peine d'après sa chef. Claris resta assise sur le banc, quelques minutes, sans bouger, en réfléchissant. Elle pensa à son frère, que faisait-il ? était-il rentré ? si ce n'était pas le cas, devait-elle aller le voir pour savoir comment il allait, pour lui donner des vêtements de rechange, etc. ?  Après avoir secoué la tête, comme pour se vider de toutes ses pensées, elle se leva doucement pour commencer à se changer. Le soleil n'allait pas se coucher tout de suite, de toute manière. Claris plia soigneusement sa tenue de travail et la rangea, après avoir sorti son sac de son casier. Elle s'attacha les cheveux en queue de cheval puis claqua la porte de son casier avant de le fermer à clé. La brune s'empara de son sac puis sortit des vestiaires et ensuite de la clinique. Elle était un peu fatiguée, et était prête à se jeter dans le canapé du salon dès qu'elle rentrerait chez son frère. Pourtant, en rentrant, la jeune fille remarqua que son frère n'était pas là, et n'avait pas l'air d'être passé. La maison était dans le même état quand elle était partie travailler. Claris resta debout dans le salon, en réfléchissant pour savoir quoi faire. Si son frère n'était pas repassé, ça voulait dire qu'il continuait à se tuer à la tâche à son travail et le connaissant, il avait peut être même sauté un repas. La jeune fille décida alors de prendre quelques affaires de rechange pour lui, au cas où il devait passer une nuit supplémentaire au commissariat (même si elle espérait que ce ne soit pas le cas) et son porte-monnaie également pour lui payer quelque chose à se mettre sous la dent. La jeune femme décida de ne pas prévenir son frère de sa venue, histoire de lui faire une petite surprise. C'était ainsi qu'elle quitta la maison, les affaires de son frère dans son sac avec son porte-monnaie. Pourtant, en marchant, Claris se perdit dans ses propres pensées. Elle songeait à son frère. Il se tuait tellement à la tâche, et puis, il s'occupait tellement d'elle. N'importe qui de censé dirait qu'Ezra n'a pas de vie, à proprement dit. Entre son travail et sa soeur, que lui restait-il ? Claris avait conscience qu'à cause d'elle, son frère ne vivait pas pleinement sa vie. Mais elle ne savait pas quoi faire. Elle avait tellement peur d'être abandonnée de nouveau, qu'elle s'accrochait à ce qu'il lui restait de plus cher : son frère. Mais en même temps, elle se refusait, intérieurement, de voir son frère ne pas vivre sa vie, sa propre vie. Chaque jour, elle se traitait d'égoïste, elle en avait conscience. Mais à chaque fois, la peur prenait le dessus, ses démons refusaient de la laisser tranquille. Claris ne savait plus quoi faire, alors aujourd'hui, elle avait décidé qu'elle s'occuperait de son frère. Au moins une fois. Elle aussi voulait chérir ce qu'elle avait de plus cher. Ses pensées furent balayées d'un seul coup quand Claris, tête baissée, percuta quelqu'un en voulant tourner, enfin, un torse plus précisément.  Elle recula légèrement sous le choc, mais elle n'avait pas mal. « Désolé, je … Oh, Claris. » A l'entente de son prénom et de cette voix, Claris releva aussitôt la tête. Ezra. Il posa son main sur son épaule, tandis que la jeune fille le regardait. « Ça va, je ne t’ai pas fait mal ? » La jeune fille secoua alors la tête, en affichant un léger sourire. « Non, non, tout va bien, et toi ? Je ne t'ai pas fait mal non plus ? » Comme si Claris pouvait faire mal. Elle n'avait pas de muscles, et sa tête n'était pas du béton armé. « J’étais justement en train de t’envoyer un message pour te proposer de manger en ville ce soir, je n’ai pas fait les courses et on n’a rien à manger à la maison. » Le minuscule inconvénient des surprises c'était qu'on ne sait jamais ce que pouvait faire la personne. Néanmoins, ça l'arrangeait qu'elle soit tombée sur lui. « Mais peut-être que tu as déjà quelque chose de prévu, du coup, vu que tu es là. » Elle secoua de nouveau la tête. La seule chose qu'elle avait de prévu c'était de le voir. Tant pis pour la surprise. « En fait, j'avais quelque chose de prévu en effet. » Claris laissa sa phrase en suspend comme si elle cherchait ses mots alors qu'elle devrait tout simplement lui dire ses intentions. « J'avais prévu de venir te voir au commissariat. Je ne savais pas si tu allais rester travailler encore ce soir, alors je voulais te ramener des vêtements propres et te proposer aussi d'aller manger en ville. » Claris se mordait la lèvre, on appelait ça une surprise tombée à l'eau. « Je voulais te faire une ... surprise, c'est pour ça que je ne t'ai pas prévenu. » Elle essayait de mimer un sourire. Sur le coup, elle se trouvait affreusement nulle même si elle ne perdait pas de vue son objectif, celui de s'occuper de son frère. « Alors... allons-y ? » Son hésitation n'était pas une marque de timidité, loin de là. Elle n'était jamais timide avec son frère, mais cette hésitation témoignait surtout la gêne d'une surprise un peu ratée sur le coup. Aurait-il mieux valu qu'elle l'attente à la maison comme d'habitude ? Au fond, Claris pensait que non.

Spoiler:

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❝centre-ville, claris & ezra. ❞

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« Non, non, tout va bien, et toi ? Je ne t'ai pas fait mal non plus ? » Ezra secoua la tête en signe de négation et soupira, soulagé. « En fait, j'avais quelque chose de prévu en effet. » Un peu déçu, l'homme se mordit la lèvre. Il aurait du se douter que Claris finirait par préférer la compagnie de gens de son âge que la sienne, il le savait depuis toujours. C'était dans l'ordre des choses, et c'était bien pour elle. Mais quand même, ça faisait bizarre. Il avait parfois l'impression d'être un papa poule qui observait son petit oiseau battre des ailes pour quitter le nid. C'était terrifiant, excitant, fascinant. ]« J'avais prévu de venir te voir au commissariat. Je ne savais pas si tu allais rester travailler encore ce soir, alors je voulais te ramener des vêtements propres et te proposer aussi d'aller manger en ville. » Ezra lâcha un « oh » de surprise et sourit. Claris aussi, avait cette manie amusante de se mordiller la lèvre quand elle était gênée. Ils le tenaient tous les deux de leur père. Rory aussi faisait ça, lorsqu'il était encore là.  [color=med« Je voulais te faire une ... surprise, c'est pour ça que je ne t'ai pas prévenu. »[/color] Il était extrêmement touché par l'attention, même si sa surprise était tombée à l'eau. Ezra sourit avec douceur quand elle proposa d'y aller, attrapant son sac contenant les affaires de rechange qu'elle avait apporté. « Je suis touché, vraiment. Ça me fait plaisir. » lança-t-il en passant son bras autour des épaules de Claris.  « Désolé de ne pas être rentré la nuit dernière et de t'avoir prévenu à la dernière minute, ce n'était pas prévu. » Il ne savait pas réellement où l'emmener manger. C'était une invitation, là aussi, de dernière minute. Et puis Ezra n'était pas doué avec les femmes ; la présence de Claris avait été une force et un handicap à la fois. Jusqu'à présent, il s'était contenté de soirées à la maison et de rares invitations au restaurant, qui finissaient de toute manière toujours au lit. Et comme il ne finirait bien entendu pas au lit avec sa sœur, c'était plus délicat de trouver quoi faire. « Est-ce qu'il y a un endroit où tu voudrais aller ? Nous ne sommes pas obligés de rester à Lewisburg, il y a de très bons restaurants français et italiens à Bâton Rouge. » Bâton Rouge était la grande ville la plus proche de leur coin de paradis déchu. On y trouvait tout ce qu'il n'y avait pas à Lewisburg. Alors certes il fallait conduire un peu, mais ça valait le détour. Ezra était quelque peu fatigué, mais si Claris voulait y aller, ça ne lui posait pas de problème. Il avait l'habitude de faire l'aller-retour là bas, pour l'avoir fait à de nombreuses reprises avec Dakota. L'homme retira son bras de l'épaule de sa cadette et ouvrit la voiture pour y déposer son sac. « Merci pour les vêtements de rechange, accorde-moi juste trente secondes. » Il s'assit sur la banquette arrière à l'abri des regards des passants et ôta rapidement son pull et sa chemise, pour le tee-shirt blanc qu'avait pris Claris. C'était beaucoup mieux comme ça. Il soupira d'aise, fourra ses vêtements sales dans le sac et ressortit de la voiture, souriant. Ezra passa une main dans ses cheveux bouclés et posa son regard gris sur sa sœur. Quoi qu'en pensent les gens, la présence de Claris dans sa vie lui faisait le plus grand bien. Cela lui permettait de s'occuper de quelqu'un d'autre que de lui, de rester centré sur sa petite vie qui n'avait, outre son travail de shérif, absolument rien de glorieux. Réussite au travail, échec en amour. C'était sans doute plus durable, ainsi. « Voilà. Alors ? J'ai un peu d'argent de côté, on peut faire n'importe quoi. Ce sera ma façon de me faire pardonner de me faire pardonner de toutes les prochaines nuits que je passerai au commissariat. » Et puis parce qu'un jour, tu seras loin et je ne pourrai plus t'offrir ce que tu voudras. « Et ça fait un moment qu'on a pas discuté sérieusement, tous les deux. » ajouta-t-il avec un sourire espiègle. Ezra et Claris avaient rarement des conversations sérieuses, aussi surprenant que cela puisse paraître. Les premiers mois de leur cohabitation, l'homme avait clairement fait comprendre à sa sœur ce qui n'allait pas. Il n'hésitait pas à l'engueuler et la recadrer, ce qui avait nettement arrangé les choses. Mais depuis qu'elle était devenue une jeune femme souriante et droite, digne de confiance et beaucoup plus pure, cela avait quelque peu changé. En effet, Ezra n'avait rien à reprocher à Claris de concret et leurs conversations étaient davantage un échange de plaisanteries et de taquineries qui leur étaient propres.

long walk home ✻ ezra and claris.

« Je suis touché, vraiment. Ça me fait plaisir. » Bon, point positif de la surprise ratée, Ezra était touché. Même si elle était tombée à l'eau, Ezra appréciait l'attention. Claris aurait pu faire un sourire niais mais ce ne fut pas le cas, un sourire presque reconnaissant s'affichait sur ses lèvres. S'il appréciait, ça suffisait à Claris. « Désolé de ne pas être rentré la nuit dernière et de t'avoir prévenu à la dernière minute, ce n'était pas prévu. » Pourquoi s'excusait-il ? C'était normal de s'absenter pour son travail. Après tout, ça aurait pu arriver à Claris aussi. La jeune fille haussa les épaules, et d'ailleurs en soulevant le bras de son frère qui était sur ses épaules, comme pour dire à son frère que ce n'était pas grave. Après tout, pouvait-elle lui en vouloir ? Non, jamais. Elle ne pouvait pas et elle ne devait pas non plus. Et puis comment lui en vouloir pour ça ? Ce serait ridicule ! « Est-ce qu'il y a un endroit où tu voudrais aller ? Nous ne sommes pas obligés de rester à Lewisburg, il y a de très bons restaurants français et italiens à Bâton Rouge. » Claris connaissait un peu Bâton Rouge, elle y allait parfois avec les rares amis qu'elle avait ou alors avec ses collègues, mais ce n'était pas tout prêt non plus et puis son frère avait l'air fatigué. N'importe qui serait fatigué après une nuit au travail et la journée d'après. C'était logique. Et puis, Claris n'allait pas encore jouer l'égoïste et forcer son frère à conduire alors qu'il était fatigué. Non, elle ne pouvait pas le faire. Elle ne devait pas être égoïste. Pas encore. « Tu es fatigué, non ? Alors n'allons pas trop loin, je te laisse choisir là où tu veux qu'on aille. » Claris se devait de faire des efforts, après tout son frère en a fait beaucoup pour s'occuper d'elle. « Merci pour les vêtements de rechange, accorde-moi juste trente secondes. » Claris hocha la tête positivement et se tourna de sorte à être de dos à la voiture pour laisser son frère se changer. Elle croisa les bras en l'attendant, en regardant autour d'elle. Dans cette ville, Claris était connue comme la petite soeur du shérif, mais aussi comme la petite égoïste, faible, qui ne laissait pas son frère vivre sa vie. Ils avaient tellement raison, la brune leur donnerait raison si elle n'avait pas peur. Elle laisserait bien son frère vivre sa vie, mais elle avait peur qu'il l'abandonne comme ses parents. En entendant la porte la voiture s'ouvrir, Claris se retourna vers son frère qui s'était changé. Un léger sourire s'afficha alors sur son visage. « Voilà. Alors ? J'ai un peu d'argent de côté, on peut faire n'importe quoi. Ce sera ma façon de me faire pardonner de me faire pardonner de toutes les prochaines nuits que je passerai au commissariat. Et ça fait un moment qu'on a pas discuté sérieusement, tous les deux. » Son sourire s'allongea alors, et un rire a failli sortir de sa bouche. Néanmoins, Claris garda ce grand sourire aux lèvres. Ezra avait raison, les discussions sérieuses se faisaient de plus en plus rares. Normalement, les enfants avaient ce genre de discussions avec leurs parents. Au fond, Claris aurait aimé avoir ce genre de discussion avec ses parents, pas avec son frère. Si sa mère n'était pas tombée en dépression, si son père ne s'était pas enfermé dans son travail, ça aurait pu avoir lieu. Mais non, ils n'ont pas pu se remettre de la disparition de Rory. C'était compréhensible mais Claris n'avait jamais cherché à comprendre et elle ne le fera jamais, elle devait se concentrer sur son avenir et sur son grand-frère. « J'ai aussi un peu d'argent sur moi alors trouve nous un bon restaurant, passons une bonne soirée, discutons sérieusement et là, tu seras pardonné pour toutes les nuits que tu passeras au commissariat ! » Toujours son grand sourire aux lèvres, Claris attrapa le bras gauche de son frère pour se tenir près de lui s'ils marchaient. « Mais on ne rentre pas trop tard non plus, t'as besoin de sommeil. » Non, Claris n'avait pas perdu le nord et continuait de poursuivre son objectif : prendre soin de son frère.

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❝rose restaurant, ezra & claris. ❞

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« J'ai aussi un peu d'argent sur moi alors trouve nous un bon restaurant, passons une bonne soirée, discutons sérieusement et là, tu seras pardonné pour toutes les nuits que tu passeras au commissariat ! » Ezra ricana et acquiesça. « Mais on ne rentre pas trop tard non plus, t'as besoin de sommeil. » L'homme appréciait que sa sœur cherche à veiller sur lui en retour, signe ostensible qu'elle grandissait et mûrissait. Peu à peu, son monde s'élargissait, elle prenait conscience qu'elle n'était pas la seule sur Terre à souffrir, à avoir besoin qu'on la protège. Ezra avait observer Claris durant ces vingt-deux années avec un mélange de fascination et de crainte. Elle était passée par les mille nuances de l'arc-en-ciel. Il comprenait parfois ce que ressentaient les parents envers leurs enfants, qu'ils regardaient grandir et quitter le nid. Il avait presque élevé Claris comme si il avait s'agit de sa fille, ne sachant même pas si il aurait un jour ses propres enfants. Certainement pas, puisqu'il fuyait l'amour comme on fuyait la peste et le choléra. Il aurait au moins eu la sensation une fois dans sa vie d'être utile à quelqu'un, ce qui était suffisant. « Très bien. » répondit-il avec un sourire, en lui faisant signe de monter en voiture. Ezra se sentait beaucoup mieux ainsi vêtu et profitait davantage du soleil caressant sa peau et de la chaleur de ce début d'été. « On va aller au Rose Restaurant. La prochaine fois je t'inviterai à Bâton Rouge. » Le Rose Restaurant était un restaurant assez charmant et typique du coin de Willsley Grove. Perdu entre les chênes massifs, il se dressait fièrement et dignement. Repère de tous les habitants, il était un lieu incontournable de Lewisburg. Les propriétaires étaient des célébrités en ville, et l'on vantait leur esprit chaleureux jusque sur internet. Il se gara près de la bâtisse et s'étira avec un soupir. Il était physiquement à bout, comme trop souvent ces derniers temps. Ezra avait bien besoin de vacances. Il avait d'ailleurs une proposition à faire à Claris. Mais chaque chose en son temps. « Après vous, Mademoiselle Swethenam. » déclara-t-il avec un sourire en lui ouvrant la porte du restaurant tel un gentleman. Ils furent plongés dans cet atmosphère qu'ils connaissaient bien, pour y être venus souvent. Lorsqu'ils vivaient encore chez leurs parents et que Rory était en vie, ils y venaient plus souvent encore. C'était le restaurant préféré de son frère, qui demandait à chacun de ses anniversaires de venir manger ici. Mais après son décès, les Swethenam avaient tout bonnement refusé de remettre les pieds ici pour ne pas se laisser envahir par des sentiments auxquels ils ne pouvaient faire face. « Une table pour deux, s'il vous plaît. » demanda-t-il avec un sourire, tandis qu'on les guidait vers une table un peu tranquille. Il n'y avait pas grand monde, parce qu'il était encore tôt. Tant mieux, ce serait plus calme et plus reposant pour lui. Il s'installa et sourit avec douceur à la serveuse qui leur tendit les menus. Ezra posa le sien sur la table pour y jeter un œil, sachant déjà très bien ce qu'il allait manger. Il avait ici et ailleurs ses marques, ces petites habitudes qu'il ne changeait jamais de peur de se plonger dans l'inconnu. C'était effrayant et cela causerait sa perte. « Est-ce que vous voulez boire quelque chose, en attendant de faire votre choix ? » demanda la serveuse en sortant son calepin. « Je vais prendre un verre de vin rouge. » répondit-il avant de laisser Claris faire son choix. Quand la serveuse se fut éloignée, Ezra posa son regard gris et froid sur sa sœur et croisa les bras sur la table. « Je me suis dit qu'on aurait pu aller passer un week-end tous les deux, quelque part. New-York ou Los Angeles peut-être. Ce sera l'occasion de fêter la fin de tes examens, et j'ai bien besoin de sortir un peu du boulot. » Depuis qu'il était devenu shérif, un an plus tôt, Ezra n'avait pas pris un seul week-end, et encore moins des vacances. Il avait besoin de s'éloigner quelques temps, de penser à autre chose qu'au travail, au quotidien, à la routine. Se promener à New-York ou Los Angeles était une distraction parfaite, car il n'avait eu l'occasion de se rendre dans ces villes qu'une fois au cours de sa vie. Elles lui avaient laissé une forte impression, qui lui tardait de ressentir à nouveau. Et qu'il aimerait faire découvrir à Claris. Malgré les plans que sa sœur avaient certainement faits pour l'été, elle trouverait certainement le moyen de lui accorder un week-end. Du moins, Ezra l'espérait. Il se trompait rarement quand il s'agissait de sa sœur, pourtant il ignorait bien des choses à son sujet. Des parties cachées de son âme qu'elle tenait secrets afin de se protéger du reste du monde, comme lui-même le faisait.

long walk home ✻ ezra and claris.

« Très bien. » Claris offrit un mince sourire à son frère puis le suivit pour montrer dans la voiture. Elle ouvrit la porte côté passager à l'avant pour ensuite s'asseoir à l'intérieur. « On va aller au Rose Restaurant. La prochaine fois je t'inviterai à Bâton Rouge. » La jeune femme hocha la tête positivement en souriant. Quand il serait en congé, pourquoi pas y aller après tout ? Aujourd'hui c'était différent, Ezra était fatigué et Claris tenait à ce qu'il ne fatigue pas davantage, elle imaginait à peine l'état de fatigue dans lequel il était. La brune se serait écroulée de fatigue depuis longtemps, se connaissant. Quand son frère démarra, la demoiselle posa sa joue contre la fenêtre, regardant le paysage défiler sous ses yeux, ne pensant qu'à ce qu'il pourrait se passer ce soir. Claris sortit de la voiture dès que la voiture de son frère fut bien garée. Elle ne venait pas souvent au Rose Restaurant, alors quand elle venait, elle aimait regarder la bâtisse, le décor à l'intérieur. « Après vous, Mademoiselle Swethenam. » Claris fit un grand sourire puis mima une révérence. « Merci, Monsieur Swethenam. Quel gentleman vous faites ! » La jeune femme entra donc la première, suivie de son frère. Elle n'avait que peu de souvenirs de cet endroit, son frère devait en avoir bien plus. Il lui avait déjà dit que Rory aimait cet endroit, mais de quoi voulez-vous vous souvenir à quatre ans ? Claris ne se souvenait pas énormément de son défunt frère, elle le voit comme un spectre qui restait auprès d'eux. La brune l'avait haï, quand elle était abandonnée, mais là, son sentiment envers lui a changé. Elle apprit à ne pas en vouloir aux morts, et puis, c'est vrai : Rory n'était pas responsable de ce qui lui était arrivé. « Une table pour deux, s'il vous plaît. » Les paroles d'Ezra la ramenèrent à la réalité, elle suivit son frère à travers les tables jusqu'à ce qu'on leur indique la leur. Elle s'installa et prit le menu pour voir ce qu'il y avait. La jeune femme soupira en parcourant le menu. Elle le tenait d'une main et le parcourait du bout des doigts de sa main libre. Quand la serveuse arriva pour demander s'il voulait boire quelque chose, Claris releva doucement la tête, laissant son frère parler le premier. « De l'eau pour moi, merci. » La demoiselle posa son menu devant elle pour regarder son frère. « Je me suis dit qu'on aurait pu aller passer un week-end tous les deux, quelque part. New-York ou Los Angeles peut-être. Ce sera l'occasion de fêter la fin de tes examens, et j'ai bien besoin de sortir un peu du boulot. » Claris haussa les sourcils, sur le coup. Était-il réellement sérieux ? Un sourire se dessina de nouveau sur le visage de la brune. Si c'était le cas, elle ne dirait absolument pas non ! Elle croisa à son tour les bras sur la table, comme son frère. C'était une chose qui revenait souvent chez elle : croiser les bras. Ca lui venait d'Ezra, bien sûr. A force de l'observer, la jeune fille pouvait avoir les mêmes postures que lui. Claris n'en revenait pas. New York, Los Angeles ! Des villes que la demoiselle n'avait vu qu'à la télévision. Elle voulait tellement les voir en vrai, de ses propres yeux ! « Je ne doute pas que tu veuilles sortir du boulot, un week-end hors de la ville te ferait le plus grand bien ! » Peut-être pour Claris également. Voir autre chose lui permettrait d'avoir un autre point de vue, peut-être. Ou alors, se détacher de cette ville pouvait l'aider à avancer davantage. Si son frère désirait partir en week-end hors de Lewisburg, ce n'était pas Claris qui l'allait l'en empêcher, bien au contraire ! « Je suis partante, évidemment. » termina-t-elle, un léger sourire aux lèvres.