Sujet: Don't you dare leave me now - ft Kawhi Dim 13 Juil - 2:42
Don't you dare leave me now
”Kawhi & Celestia.
Les trois heures ont filées aussi vite que trois minutes. Et pas une seule seconde, Celestia n'a bougé. Même pas pour prendre une position plus confortable: Non, elle a juste royalement ignoré les fourmis qu'elle a eu à un moment le long des jambes. Plutôt souffrir quelques secondes plutôt que de lâcher Kawhi. Et c'est euphorique, transportée par la joie et le soulagement que Celestia a suivi le film. Enfin les choses revenaient à leurs vraies places. Dire qu'ils venaient à peine de se retrouver et qu'en réalité, c'est comme si leur séparation n'avait été que d'une très courte durée. Quoi que. Le manque s'est fait sentir, évidemment: Mais le fait de le revoir là, a carrément tout balayé, tel un énorme et dévastateur raz de marée. Pourtant tout a une fin, surtout un film. Sortant de ses pensées, elle voit le générique défiler, les lumières se rallumer progressivement et les gens commencer à se lever. Ils se pressent ensuite vers la sortie, déjà en train de commenter tout ce qu'ils viennent de voir, soulignant les moments forts, ceux qu'ils ont détesté ou au contraire, adoré. Celestia grimace, sa joue pressée contre l'épaule de Kawhi: Elle est trop bien, ici, contre lui. Elle ne veut pas bouger. Pourtant elle est bien obligée et soupire tout en dépliant ses longues jambes pour pouvoir poser ses pieds au sol. Mentalement, la demoiselle rechigne à lâcher Kawhi mais s'exécute, sachant que ça aurait l'air bizarre aux yeux des autres de la voir s'accrocher à lui comme un bébé koala s'accroche à sa branche d'arbre. Kawhi fut pourtant le premier à se lever et le suivit presque aussitôt. Mais quelque chose ne va pas. Celestia tourne alors la tête pour voir ses amis la regarder avec un léger sourire aux lèvres, poings sur les hanches. La main de Kawhi lâcha alors la sienne et elle le regarda sortir de la salle, le remerciant mentalement de la laisser parler avec les filles qui la toisent toujours comme si elle était une bête de foire, quelques mètres plus loin.
"Qui c'est?" "Oh mon dieu, c'est ton petit ami?" "Il est canon, il n'aurait pas un frère par hasard?" Furent quelques unes des questions qu'on lui a ensuite lancé telles des boulets de canon. Et même si Celestia se doutait qu'elle devrait subir un interrogatoire, jamais elle n'aurait pensé voir ses amies agir comme de vraies furies ou...Comme de vraies filles, quoi. Mais, restant incroyablement patiente et ressentant déjà le manque qu'avait instauré Kawhi en partant sans elle, Celestia essaya d'être le plus clair et rapide possible. S'en suivit quelques remarques, des gloussements aussi. Puis elles la libérèrent, lui faisant promettre qu'une fois de retour en classe, elle devrait tout, absolument tout leur raconter...Oui, dans leurs rêves! Comme si Celestia était du genre à étaler ce genre de détails! C'est ensuite le coeur un peu plus léger qu'elle a accompagné tout le monde jusqu'à la sortie de la salle, avant de les regarder s'en aller, traverser la rue puis disparaître dans la nuit. Automatiquement, son regard azur se mit ensuite à rechercher Kawhi, qui ne devait normalement pas être loin: Comme il le lui a promis, il passera la soirée avec elle, elle le sait.
Et il y eut ce bruit effroyable. Un son que Celestia n'avait le plus souvent entendu que dans les films. Un crissement de pneu tout proche, semblable au bruit d'ongles qu'on laisserait se balader sur un tableau à craie. Entendre ça la fit frissonner de tout son être et la força à se retourner. Puis comme au ralentis, elle vit ce gamin en plein milieu de la route, protégé par un homme. Mais pas n'importe lequel: Le sien. Kawhi. Son coeur se stoppa alors, pendant ce qui paraissait être de longues et interminables secondes. Celestia, impuissante et faible, regarda Kawhi être percuté par cette voiture au niveau du dos. Elle le vit tomber, être projeté en avant. Elle entendit même de loin le son morbide que fit son visage en touchant le sol. Alors elle se mit à crier. Fort. Comme si c'était elle-même qui venait d'être percutée et non pas Kawhi. D'ici, elle pouvait sentir la douleur et ça lui lacérait littéralement le coeur. Très vite, un petit groupe de personnes s'attroupèrent là, comme si c'était le plus intéressant des spectacles. Celestia mit un certain temps avant de pouvoir retrouver l'usage de ses jambes, qui refusaient avant de lui répondre. Finalement, elle courut vers lui, encore étendu là, sur le sol. Sans même s'excuser, Celestia bouscula tout ceux qui se trouvaient là, entre Kawhi et elle. Mortifiée, refusant d'y croire et profondément choquée, la jeune femme se laissa tomber à genoux près de lui et avança ses mains, sans pour autant oser le toucher. Trop de sang. Trop de douleur. Celestia redoutait de lui faire encore plus mal si jamais elle osait poser ne serais-ce qu'un doigt sur lui.
Il l'appela. Qu'il s'en rende compte ou non, il l'appela, tout d'un coup. Par son surnom. Là Celestia n'hésita plus et s'approcha encore de lui, cette fois-ci pour toucher son visage. Elle repoussa les cheveux poisseux de sang et les rabattit en arrière avant de caresser sa joue. "Je suis là. Je suis là, d'accord? Alors tu vas rester avec moi, les secours arrivent." Ce fut lorsque sa voix dérapa, s'éteignit presque que Celestia se rendit compte qu'elle pleurait. Sans pouvoir s'arrêter: Les larmes coulaient simplement, tel un flot incessant. Et durant un temps qui parut s'étirer, s'étirer toujours plus, Celestia resta penchée, en train de lui parler et de pleurer. Soudain, une paire de mains virent l'empoigner pour essayer de la faire reculer. Là elle hurla avant de se retourner et de se rendre compte que les secours étaient déjà arrivés. Enfin arrivés. Rapides et efficaces, ils la forcèrent à s'éloigner au moins le temps de mettre Kawhi sur une civière, puis dans l'ambulance. "Eh! Il ne va nulle part sans moi, compris?" L'homme qui l'avait empoignée lui lança un regard étrange avant de lui faire signe de monter à son tour. Sans se faire prier, elle s'exécuta et directement, attrapa la main de Kawhi pour la serrer fort.
Tout se passa ensuite très vite. Une fois à l'hôpital, les médecins avaient emmené Kawhi en urgence pour évaluer les dégâts, craignant fortement que la colonne soit touchée vu l'impact. Celestia, forcée de rester dans le couloir, regarda Kawhi disparaître avec un flot de médecins et d'infirmières. Se sentant alors complètement et totalement impuissante, anéantie, elle frappa le mur le plus proche. Au passage, Celestia y laissa une traînée de sang et recula d'un pas, se sentant immédiatement fautive: Elle nettoiera. Mais pas tout de suite. Là, maintenant, elle ne peut qu'attendre, pleurer et surtout, prier pour que Kawhi, qu'elle vient tout juste de retrouver, ne lui soit pas encore une fois arraché.
Quelle ironie du sort. Ses parents étaient morts dans un accident de voiture, provoquant l’absolue indifférence de Kawhi, et aujourd’hui c’était son tour. Le choc n’avait pas été violent pourtant. La voiture, en plein freinage, l’avait envoyé voltiger sur seulement quelques mètres, et c’aurait pu être bien pire. Le problème n’était pas là, le problème c’était son dos. Célestia était arrivée presque aussitôt, son cri n’avait pas échappé au jeune homme. Indifférent à sa propre santé, c’est toute la culpabilité de son acte stupide qui lui revint en pleine figure. Bien sûr qu’il devait se soucier de lui, bien sûr qu’il était important pour elle et qu’il était une part de son bonheur. S’il ne voulait pas être en bonne santé pour son bon plaisir, il devait l’être pour Celestia. Et d’un coup, au pire moment, toute sa vie prit une importance cruciale, la mesure de son existence lui apparaissait enfin, indispensable pour l’être qu’il aimait le plus au monde.
La chaleur de sa main le rassura, détendit son visage et il faillit presque décrocher l’ombre d’un sourire quand elle vint à son chevet et l’encouragea à rester lui. Instant de partage, qui lui fit oublier sa douleur jusqu’à l’arrivée des secours. Kawhi n’avait jamais été un héros, et aujourd’hui, s’était laissé submerger dans cet élan de bon sens un peu trop longtemps. Il aurait pu faire comme d’ordinaire, tourner la tête et faire comme s’il n’avait rien vu, noyant la culpabilité dans le bonheur qu’il aurait aux côtés de Celestia. Il pourrait, mais il avait préféré agir avec humanité. Comme s’il voulait changer, pour elle, comme s’il voulait vraiment devenir quelqu’un. Car quand sa mère s’écarta de celle de Celestia, la douleur revint et son erreur se montra dans son entiereté - la douleur écrasante au niveau de son dos, qui lui arracha des larmes.
Souffrance insoutenable. Il posa sa main au niveau de son visage comme pour calmer le calvaire, prisonnier dans cette agonie. Les larmes coulaient, irrémédiablement, et il faisait de son mieux pour ne pas crier comme il l’aurait voulu. Celestia était là, pourtant, serrant son autre main avec amour, faisant le maximum pour tenter de l’aider, mais c’était insuffisant. La douleur unimaginable qui parcourait son être le rendait incapable de penser, et il avait suffit d’un instant loin de Celestia pour le plonger dans cet abîme de douleur insurmontable. Le trajet parut long, si long qu’il finit par en oublier de se retenir de crier, ne se rendant même pas compte de l’arrêt du véhicule. Kawhi fut emmené par les urgences, écarté de sa bien aimée, et sa conscience finit même par craquer. Il sombra, sous le joug de toute cette douleur.
Il se réveilla sous le regard de sa soeur inquiète qui l’accueillit d’une superbe insulte. Connard. Il haussa les sourcils, surpris de ne presque plus sentir de douleur. Il prit un moment pour parler avec sa soeur, connaissant les règles de l’hôpital : ils ne laisseraient jamais entrer personne avant la famille. Celestia devait être folle. Conscient de ça, Kawhi écourta autant que possible la discussion, prenant quand même un moment pour regarder le sac d’affaires qu’elle lui avait apporté. Des rechanges, des jeux pour s’occuper, de la musique et même sa vieille casquette de San Antonio Spurs du collège. Il pouffa de rire en se l’enfonçant sur la tête, mimant un check avec sa soeur. Leur fraternité était sans égale. et ça le réconfortait de la savoir là. Elle lui fit même un bilan de santé avant de le laisser, confiante en la force de son frère.
C’est Celestia qui entra à la suite. Le jeune homme déglutit, planta son regard océanique dans le sien et l’observa entrer. Il baissa les yeux vers ses draps, conscient de l’inquiétude qu’il lui avait causé. Six semaines de congé, cinq s’il avait de la chance. Bien sûr, ça, ce n’était pas un problème, il n’aurait qu’à avertir au travail, d’autant qu’il reprendrait avant la fin du congé. Il travaillerait chez lui et enverrait sa playlist à la direction à distance, chose qu’il n’avait jamais faite jusque là. Kawhi était le seul programmateur musical, c’était quelque chose dont il était conscient quand il s’était engagé. Le problème n’était pas là, c’était quand sa soeur lui avait annoncé ce dont il était atteint. Aucune conséquence, c’était certain, mais à quelques centimètres près, il serait en fauteuil roulant. Une chance inespéré qui le faisait apprécier davantage le temps avec Celestia. Il se frotta les yeux d’une main, s’interdisant de craquer sur ces simples pensées. Ce n’était pas quelque chose qu’elle devait savoir.
- Cinq ou six semaines d’arrêt, c’est tout. Aucune autre conséquence. J’ai eu de la chance lors de l’impact, m’a-t-on dit.
Il sourit, retirant sa casquette qu’il enfonça sur la tête de Celestia. Il ne savait pas s’il aurait pu supporter le fauteuil roulant, mais avec elle, il était certain qu’il aurait continué à vivre. Enfin, il y échappait, c’était le principal, et il préférait ne pas penser au reste. Sa famille semblait réellement maudite par les transports, et après ça, Kawhi se jura de ne plus conduire de voiture de sa vie. Il vivrait ici, partirait au travail à pied s’il le fallait mais ne toucherait plus ces véhicules. La pensée lui traversa la tête l’espace d’un instant, suffisamment pour qu’il s’y penche un peu plus. Habiter ensemble près de leurs espaces professionnels ? Il n’était pas sûr de vouloir lui voler les dernières miettes de son indépendance.
- Maintenant je t’ai pour moi, glissa-t-il avec humour. J’aurais aimé que ce soit autrement, mais bon. Je peux sortir d’ici deux ou trois jours, tu passeras à la maison j’espère.
Bien sûr. Quelle question. Mais en cet instant, il avait besoin d’être rassuré.
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Sujet: Re: Don't you dare leave me now - ft Kawhi Mar 22 Juil - 10:11
Don't you dare leave me now
”Kawhi & Celestia.
Alors que les trois heures de film étaient passées étonnamment vite, celles que Celestia a passé à l'hôpital, elles, ont été les plus longues de toute sa vie. Et de loin. Après avoir réussi à contacter la soeur de Kawhi, Celestia l'a vue arriver, paniquée: Ensembles elles ont attendu le médecin, main dans la main, comme si elles se transmettaient mutuellement énergie et courage. Et les minutes s'égrainaient, toutes plus longues les unes que les autres. Pourtant Celestia n'a pas bougé de sa chaise, pas même pour se dégourdir les jambes, pour aller boire ou manger quelque chose. Elle ne se sentait pas la force de se lever, comme si cet accident l'avait privée de toutes ses capacités alors qu'elle n'avait dans le fond, pas été la personne directement touchée. Inévitablement, Celestia imagina le pire des scénarios: Comment ne pas le faire, après tout, avec ce qu'elle avait vu? Vint ensuite la colère, les regrets. Les "et si". Et si elle n'était pas restée aussi longtemps avec ses amies, est-ce qu'elle l'aurait rejoint plus tôt ? Est-ce qu'ils seraient partis simplement? Et si cet enfant n'avait pas été aussi curieux? Et si les parents avaient eu la présence d'esprit de le surveiller au lieu de le laisser vagabonder? Bref, une montagne de questions, d'interrogations.
Et bien plus tard, le médecin leur annonça que Kawhi était placé dans une chambre, qu'il allait bien. Ou du moins, qu'il était sauvé et qu'après une bonne période de repos, tout allait bien aller. Là, Celestia fut immédiatement soulagée d'un poids immense, et toute la colère qu'elle avait ressenti s'envola en une seconde. Pourtant elle ne fut pas au bout de ses peines, parce que, alors qu'elle s'était levée, prête à aller voir Kawhi, le médecin lui ordonna presque de ne pas y aller: N'étant pas de la famille, elle n'en avait pas le droit pour le moment. Manquant de patience, de sommeil, de tout: Celestia a crié. Pourtant ce n'est pas son genre de s'énerver, de partir au quart de tour et d'hausser le ton. Mais c'est Kawhi. Hors Kawhi est tout pour elle et le fait qu'on lui interdise littéralement de le voir, même pour un court laps de temps, a suffit pour la faire sortir de ses gonds. Furieuse, hors d'elle, Celestia s'est finalement reculée, bras légèrement levés et paumes tendues en signe de "paix". Si on la forçait à sortir de l'hôpital à cause de son comportement, ça empirerait forcément les choses et ça, elle le savait. Alors, bouillonnante de rage à l'intérieure, elle a fixé le médecin d'un air furibond le temps qu'il s'en aille, assise de nouveau sur sa chaise, les bras croisés et sourcils froncés. Elle peut bien attendre des heures, des jours si il le faut, mais elle est bien décidée à ne pas bouger d'un pouce.
Heureusement elle n'eut pas à attendre autant. La soeur de Kawhi revint, l'air soulagée et moins pâle que lorsqu'elle avait quitté Celestia pour aller voir son frère. Rien que ça la rassura déjà beaucoup. "Alors? Comment va-t-il?", ne put s'empêcher de demander Celestia d'une voix légèrement rauque, cassée. "Pourquoi tu ne vas pas voir par toi-même?" Oui, pourquoi pas après tout? Le coeur battant déjà plus fort, Celestia retrouva le sourire et attrapa son sac avant de s'engager dans le couloir. Elle connait le numéro de chambre par coeur, ainsi que sa localisation, pour avoir fait le plan de ce fichu hôpital pendant des heures dans sa tête. Et une fois devant la porte de la chambre, elle entra sans hésiter une seule seconde. Celestia avait tellement hâte de confirmer ce qu'elle pensait: que Kawhi allait mieux. La dernière fois qu'elle l'avait vu, il était gravement blessé, maculé de sang et pouvait à peine bouger ou parler. Là, plus rien n'était pareil: Plus de sang, plus de peau pâle à faire peur. Il était allongé là et la regardait. Une fois encore, elle se retint de s'écrouler et se contenta de le rejoindre sans un mot, trop heureuse et perturbée à la fois pour parler. Apparemment il s'en tirera avec cinq ou six semaine d'arrêt et Celestia soupire de soulagement tout en attrapant une de ses mains qu'elle embrassa en tremblant avant de répondre: "Tu m'as fait la peur de ma vie, Kawhi. Franchement, tu peux pas savoir à quel point j'ai envie de t'étrangler là, tout de suite!" Elle le menace, mais elle rit. Elle serrait sa main et souhaiterait ne jamais avoir à la lâcher. Et Celestia le vit sourire, elle sut alors que tout redeviendrait comme avant, que finalement rien ne changerait sur le long terme. Kawhi lui avait promis de ne jamais la quitter et elle comptait bien le forcer à tenir sa promesse, peu importe comment. Tout comme elle, se promettait de ne jamais, jamais le laisser tomber. Et s'il avait été condamné à rester dans un fauteuil roulant à vie, ça aurait été la même chose: Elle aurait modifié ses projets, son quotidien, sa propre vie s'il le fallait pour pouvoir se calquer à celle de Kawhi.
"Nous sommes voisins, ce n'est pas vraiment comme si je pouvais réellement t'éviter!", lança-t-elle avec malice pour le taquiner parce que dans le fond, Celestia sait qu'elle ne verra plus l'intérieur de son propre appartement pendant un long moment. Parce que oui, il est hors de question qu'elle quitte Kawhi, surtout pendant sa convalescence. Puis elle se pencha, tourna la casquette encore vissée sur sa tête pour que la visière soit derrière et posa son front contre celui de Kawhi. "Je t'aime", murmura-t-elle, tout simplement parce qu'elle en avait ressenti le besoin. Et elle l'embrassa. De ça aussi, elle en avait besoin. Ils en avaient besoin. "Prépare toi à me voir te coller pendant cinq ou six semaines alors...Quoi que. Prépare toi plutôt à me voir te coller pendant les années à venir, d'accord?" Celestia sourit, déposa un baiser léger et aérien au coin des lèvres de Kawhi avant de se reculer et de s'asseoir sur la chaise la plus proche. "Tu devrais te reposer. Je ne bouge pas d'ici."
J'avais conscience de ce que j'avais fait endurer à Celestia pendant ces quelques heures. Angoisse, colère, et la peur effroyable de perdre l'être qui vous est le plus cher au monde. Loin de moi cette modestie mensongère, la vérité était là, sous mes yeux, et il n'était pas question que je la laisse filer pour échapper à une image d'arrogance. Elle m'était égal, tout comme ce qui aurait pu m'arriver avant que je ne la rencontre. De très loin, elle a été, est et restera la plus belle chose qui me soit arrivé dans mon existence. Quand j'y repense, même si je me suis plains à multiples reprises, je serai bien incapable de lui retrouver un défaut. Celestia a toujours été parfaite de la tête aux pieds, et pas seulement parce qu'elle était magnifique. Elle avait cette gentillesse spontanée qui était d'une rareté implacable, un goût pour les bonnes choses et une tolérance à toute épreuve. Elle ne s'énervait que rarement sur les gens, et pourtant, même dans ces cas-là, elle vous faisait sourire - comme quand je l'avais entendu hurler dans le couloir de cet hôpital pour moi.
Vous devez sûrement vous dire que c'est parce que je suis amoureux. Moi, je pense que si vous ne l'êtes pas, c'est que vous êtes à côté de la plaque. N'importe quelle personne rationnelle serait fou d'une fille pareille, et pourtant, je ne vous aurai pas pardonné pour autant de l'être. Car oui, je n'ai pas honte de le crier sur tous les toits, de m'en vanter à gauche à droite : Celestia m'appartient. L'apocalypse aurait pu arriver comme, tout bêtement, l'homme le plus parfait du monde - je ne l'aurai pas laissée pour autant. Perdre ses parents, c'est une chose, ça vous retire presque le goût à la vie, votre éternel soutien et vous semblez perdre toute perspective d'avenir. Personnellement, j'ai survécu à ça, et, qui plus est, ça m'a rendu plus fort. Pourtant, je sentais que si je perdais Celestia, je ne le supporterai pas. Pendant longtemps, elle n'avait été qu'un souvenir, qu'un espoir, un miracle que j'espérai revoir - puis à nouveau, elle était devenu le pilier indispensable de ma vie. Vie qui, sans elle, n'aurait jamais eu le moindre sens.
Elle n'était pas seulement différente des autres. Elle était mieux.
N'importe quelle fille se serait mise en rogne pour un accent aussi ridiculement héroïque que le mien - et, très franchement, si elle n'avait pas été là avec sa bonne humeur et sa perfection contagieuses, je n'aurais même pas remarqué ce gosse. Je ne suis pas en train de dire que c'est de sa faute - loin de moi cette idée. Simplement, je crois qu'avec elle, je deviens une meilleure personne. Sa simple voix m'adoucit, ses simples regards me captivent - tout en elle m'attire, comme ça n'a jamais été le cas chez personne. D'ordinaire, ma personnalité méfiante et manipulatrice me sert de masque et de protection - avec elle, c'est plutôt cet amour qui me protège d'un mauvais jugement de sa part. Car au fond, rien ne pourrait être pire que ça pour moi. Et, chaque compliment est un soulagement - chaque plaisanterie m'arrache un sourire de bonheur, à me dire que je suis loin de tout ça. Parce qu'elle m'aime autant que je l'aime - et que, jamais, je ne me permettrai de lui refaire une telle peur. Alors, plutôt que de la culpabilité ou de la tristesse, c'est tout mon amour que je lui offre dans ce baiser - oubliant notre monde l'espace d'un instant, celui de notre bonheur.
- Je t'aime aussi Celestia. Je t'aime.
C'est murmuré, c'est sincère comme ça l'a toujours été. C'est éternel, comme l'est notre futur, comme le sera notre histoire. Parce que la mort me fait peur, mais elle ne pourra pas me prendre tant que je marche à ses côtés. Alors, il pouvait bien m'arriver un accident ou un nouveau deuil, je savais qu'avec elle à mes côtés, j'étais capable de tout encaisser. Je savais aussi que les semaines, et même les années à venir seraient peut-être les plus belles de ma vie. Seulement, je n'allais pas attendre tout ce temps pour en profiter - et j'avais bien l'intention de lui faire oublier cette peur. Ignorant les consignes des médecins, je me redressais légèrement sur mon lit, évitant tout de même de forcer sur la blessure. Comme un sentiment de protection, même allongé sur un lit d'hôpital. Comme un amour si puissant qu'il vous donne envie de soulever des montagnes. Mes saphirs se plantèrent sur son visage et je lui fis signe d'approcher de nouveau. Vide sans elle, perdu sans elle - et cette peur ne peut plus durer.
- Ecoute-moi bien, Celestia Campbell.
Je plante mon regard dans le sien, la défie de prendre la parole. Saphirs teintés d'un voile d'amusement, échange de regard empli d'empathie - elle comprend mes intentions dans l'instant. Avec délicatesse, mon front vient se déposer contre le sien et un sourire zèbre mon visage submergé par l'émotion.
- Je vais te faire une promesse : je ne mourrai pas. Mon futur, je veux le vivre avec toi. Nous deux, on passera les premières années de notre vie ici, à travailler, à se voir tous les jours... on suivra une vie simple, mais tellement exceptionnelle. Puis, un jour, un soir d'automne, je t'emmenerai tout en haut du One World Trade Center à New-York et je te demanderai de m'épouser. Courte pause, regard taquin. Ainsi, tu seras tout à moi... sauf si bien sûr, tu veux des enfants. Je te laisserai le choix, et si tu en veux, je les aimerais autant que je t'aime. Infiniment.
As-tu compris, Celestia Campbell ? Cette vie n'est pas prête de m'échapper, maintenant qu'elle a pris tout son sens avec toi. Ce jour-là, c'est ce que je pensais, c'est ce que je lui ai dis. Ce jour-là, je pensais le moindre des mots qui est sorti de ma bouche - qu'elle l'ait cru ou pas à cet instant, aujourd'hui, ça n'a plus d'importance.