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 dakezra + nightcall.

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MessageSujet: dakezra + nightcall.   dakezra + nightcall. EmptyVen 4 Juil - 8:13

   
Nightcall.
There's something inside you, it's hard to explain. They're talking about you boy, but you're still the same. @ ALASKA.
   
   
La nuit avait été courte et les effets s’en faisaient sentir. Lorsque Dakota ouvrit les yeux en cette fin de matinée étouffante, elle dû affronter une gueule de bois affreuse. La veille, elle était sortie en ville sans but précis autre que de s’amuser, se sortir un peu toutes les pensées qui tournoyaient dans son esprit comme un vol de moineaux bruyants et qui l’empêchaient d’y voir clair. Elle s’était rendue au Witter Bar pour profiter de la brise fraîche de la soirée en portant des regards langoureux aux hommes présents. C’était là son dernier souvenir notable. Le reste avait été bouleversé par l’alcool… la seule chose dont elle était sûre, c’était qu’elle était rentrée très tard – ou tôt, selon le point de vue – et qu’elle l’avait fait seule. La célèbre prédatrice de Lewisburg n’avait pas trouvé de proie satisfaisante autre qu’une bouteille de vodka, laquelle lui collait encore à la peau ce matin. Elle espérait avoir été suffisamment sobre pour échapper aux autorités et ne pas faire de bêtises sur le chemin du retour, car il n’était clairement pas dans ses habitudes de se faire interpeler pour ivresse sur la voie publique. Dakota était beaucoup de choses, mais elle n’était ni une ivrogne, ni un danger pour autrui – pas au sens littéral du terme, évidemment.

Elle s’extirpa des draps en pestant contre la moiteur de sa chambre, remarquant au passage avec déception qu’elle s’était endormie toute habillée. Il n’y avait plus à chercher la raison de son sentiment d’étouffer depuis quelques minutes. Sur le chemin de la salle de bain, la belle blonde entreprit de se défaire de ses vêtements, passant une main dans sa chevelure emmêlée et morigénant de plus belle sur des sujets obscurs. Elle détestait avoir la gueule de bois, surtout lorsqu’elle se manifestait aussi violemment que celle-ci. Un goût âcre au fond de la gorge, la bouche pâteuse, une hypersensibilité à la lumière, des gestes mal assurés et le cerveau aussi vide que celui d’un nouveau-né. Les trous dans sa mémoire lui déplaisaient. Après une longue douche revitalisante, elle retrouva avec soulagement une liberté de mouvement délestée du poids de l’alcool. Ce n’est qu’à cet instant qu’elle pensa à consulter son téléphone pour espérer avoir une idée des évènements de la veille. Horreur. Qu’avait-elle à l’esprit hier soir ?! Plusieurs messages, dix en tout, avaient été envoyés vers un unique dentinaire, ainsi que deux appels de plusieurs minutes. Le premier à trois heures quinze du matin et le second… Elle plissa les yeux. A neuf heures ? Sa soirée s’était terminée nettement plus tard qu’elle ne le pensait. Mais combien de temps avait-elle dormi ? La montre à son poignet indiquait une heure qu’elle se refusait d’accepter. Six heures. Dix-huit heures trente-quatre. Son cœur rata un battement.

Elle reporta son attention vers son portable. Le destinataire des textos et des appels n’était autre qu’Ezra Swethenam, son ex contre lequel elle avait un grief très prononcé. Si Dakota n’hésitait jamais à lui faire entendre son point de vue dès qu’il avait le malheur de lui adresser la parole ou de croiser son chemin, elle avait cessé de le harceler par téléphone depuis plusieurs semaines ; cela ne soulageait en rien sa rancœur, au final. Elle avait songé à effacer son numéro, faire comme s’il n’avait jamais existé… Visiblement, elle n’avait jamais donné cours à son idée. Accoudée à son lavabo, la jolie blonde passa en revue les cours messages qu’elle lui avait envoyé. Ils n’étaient guère aimables, mais au moins elle ne l’insultait pas ouvertement. Apparemment elle l’avait surtout ennuyé avec des questions sans queue ni tête, des raisonnements philosophiques et elle remarqua qu’il avait cessé de lui répondre dès le troisième. Il avait dû comprendre qu’elle n’avait plus toute sa tête, ou alors s’était-il simplement lassé de leurs jouxtes.

« Plus jamais. Plus jamais, jamais, jamais. » Reléguant son téléphone sur un coin de la commode, Dakota s’en détourna pour affronter son regard dans le miroir de la salle de bain. Elle n’avait pas très bonne mine, rien qu’un bon fond de teint puisse dissimuler, cependant elle était plus inquiète des possibles répercussions de son écart de la veille. Et si Ezra débarquait chez elle ? Et si lors de leurs appels, elle lui avait dit des choses qui justifieraient qu’il mette en avant son insigne de shérif ? Elle avait beau lui rire au nez en prétendant qu’elle s’en fichait, elle n’était pas pour autant prêter à dormir en cellule de dégrisement ou à devoir remplir des papiers pour harcèlement. Il fallait qu’elle le sorte de son esprit, parce qu’il allait clairement finir par la rendre folle. Son rejet, notamment, avait miné des mois et des mois de réhabilitation. Elle avait fait de réels progrès en psychothérapie depuis qu’ils s’étaient mis ensembles – son psychologue le lui avait fait remarquer, notant au passage que cette relation lui faisait énormément de bien. Mais c’était comme de fumer une cigarette. Sur le coup, tout va mieux, et ensuite les effets secondaires vous tombent sur le coin de la gueule. Sortir avec Ezra lui avait rendu le sourire, avant de subitement la faire descendre au trente-sixième sous-sol. Oh, elle avait sa part de responsabilité, elle aurait pu essayer de faire davantage d’efforts et ignorer Clairs… Néanmoins, elle le jugeait nettement plus coupable. Après tout, c’était plus facile si elle le détestait.

Dakota quitta son appartement en début de soirée, requinquée par plusieurs cafés et le ventre criant famine. Un maquillage léger lui avait redonné bonne mine, elle avait relevé sa crinière blonde en chignon hâtif, d’où s’échappaient quelques mèches rebelles qui lui chatouillaient la nuque par intermittence. Perchée sur des talons aiguilles noirs, elle descendait l’allée vers le centre-ville lorsqu’elle se fit accoster par un homme dont le visage lui était inconnu mais qui semblait vraisemblablement la connaître. « Hey, Daky ! » Elle fronça des sourcils sans ralentir le pas, laissant à l’importun le soin de la suivre s’il le désirait. « Allez, quoi, fais pas ta précieuse ! Tu filais moins vite la dernière fois ! » Et il parlait, il parlait. Et elle mourrait d’envie de lui foutre son talon dans les parties pour qu’il lui fiche la paix. La journée (ou plutôt la fin de journée) avait déjà très mal débutée avec Ezra, elle n’avait pas l’intention de se laisser coller au train par le premier type venu. Surtout ce celui-là avait l’air très insistant. « Bon, d’accord, qu’est-ce que tu veux ? » Elle s’immobilisa subitement en plein milieu de l’allée, croisant les bras sur sa poitrine et dardant ses prunelles bleutées sur son interlocuteur. « Juste qu’on discute. T’étais plus intéressée par mon pote la dernière fois, mais vu qu’il est pas là, on sait jamais. » Il ne cessait de mentionner une ‘dernière fois’ dont elle ne se souvenait absolument pas. Était-ce hier ? Alors qu’elle s’apprêtait à lui poser la question, il posa sa main sur sa hanche pour l’attirer à elle.

Instinctivement, elle lui attrapa le poignet et le lui tordit violemment afin de le repousser. « Putain ! » « Mais qu’est-ce qui te prend ?! T’as cru quoi, que j’étais à ta disposition ? » lui cracha-t-elle à la figure avec toute la véhémence dont elle était capable – ce qui sous-entend énormément. Se tenant à distance respectable de l’étranger, elle le dévisagea avec un air surprit et colérique. Visiblement, ce premier coup de semonce n’avait pas suffi à le décourager ; il secoua sa main en feignant un rire : « Désolé, j’y suis p’être allé un peu fort… » « J’ai rien à te dire, alors dégage avant que j’appelle les flics. » Tout plutôt que d’appeler les forces de police de la ville. Elle avait beau le menacer ouvertement en remuant son portable sous ses yeux, Dakota aurait préféré régler ce problème toute seule. Appeler au secours, c’était prendre le risque qu’Ezra soit son preux chevalier et elle aurait vendu son âme pour l’éviter. Surtout aujourd’hui. Il fit un pas vers elle, mains en avant pour justifier ses intentions pacifiques. « Écoute, on pourrait en parler autour d’un verre ? J’admets que je me suis conduit comme un con, mais… » Il fixa un point loin derrière elle et la jeune femme se fit violence pour ne pas se retourner. « J’y crois pas, t’as appelé les flics ?! » Il perdit son air charmeur en reculant, son regard disant clairement toutes les insultes qu’il se retenait de lui lancer. Elle secoua la tête, consternée. « J’aurais préféré te foutre au sol moi-même plutôt que de les appeler. » lui avoua-t-elle avec un demi-sourire narquois.

Sourire qu’elle perdit instantanément dès que la voiture de police s’arrêta juste à côté d’eux. Elle tourna la tête vers la fenêtre côté conducteur, priant tous les Dieux de tous les panthéons – et même Satan, à un moment – pour que le shérif soit présentement occupé à remplir des tonnes de paperasses dans son bureau. Et ses prières restèrent désespérément sourdes. Un regard d’un bleu presque noir la cloua sur place. Ezra. Heureusement pour elle, Dakota avait suffisamment de ressources pour ne pas perdre la face. « Bonsoir, shérif. » Probablement la première fois depuis leur séparation qu’elle était légèrement heureuse de le voir. Il pourrait au moins lui éviter de se battre avec ce gars, un combat qu’elle aurait été certaine de gagner si elle ne portait pas ces fichus talons. Le dos droit, les traits maîtrisés, elle attendait que l’autre tente de justifier sa présence ou que l’officier pose la question fatale : « Qu’est-ce qui se passe ici ? » auquel cas elle s’empresserait de lui dire la vérité, qu’il la suivait depuis plusieurs minutes, qu’il lui avait posé la main dessus et qu’elle se sentait mal à l’aise. Avec un peu de chance, Ezra ferait fuir l’inconnu et partirait dans la foulée. Elle n’avait vraiment pas envie de se retrouver seule avec lui. A choisir, elle aimerait davantage se coltiner le pot-de-colle aux mains baladeuses que lui. Au moins, l’autre, elle pourrait le frapper sans regrets. Lui, c’était plus compliqué. Bras croisés sur son chemisier blanc échancré, elle l’observa avec attention.
   
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MessageSujet: Re: dakezra + nightcall.   dakezra + nightcall. EmptyVen 4 Juil - 10:02




NIGHTCALL
police station, ezra & dakota.

❖ ❖ ❖

Ezra se mordilla la lèvre et porta à ses lèvres son énième tasse de café. Il en avait tellement bu depuis qu'il avait commencé son service, en début de matinée, qu'il avait la nette sensation que son cœur battait si vite qu'il allait s'échapper de sa cage thoracique. A moins que ce ne soit un mélange de colère et de tristesse dû aux événements de la nuit précédente. Le shérif releva les yeux vers l'horloge accrochée sur le mur qui faisait face à son bureau et soupira. Dix-huit heures. Enfin. La journée lui avait paru interminable, et pour cause : il n'avait pas dormi de la nuit. Pour une fois que le commissariat ne l'avait pas dérangé pendant ses précieuses heures de sommeil, quelqu'un d'autre l'avait fait. Une personne dont il n'avait plus entendu la voix depuis longtemps, et qu'il avait cru ne plus jamais entendre. Il était trois heures du matin quand son téléphone avait sonné, l'arrachant à son rêve. Ezra avait cherché son téléphone à tâtons sur la table de nuit et avait décroché en pensant qu'il s'agirait de l'un de ses collègues. Mais c'était la voix de Dakota qui s'était élevée à l'autre bout du fil, et il avait pensé qu'il allait raccrocher sur l'instant. Pourtant, son ex ne l'avait plus appelé depuis des semaines et elle s'était montrée plus douce que jamais. Ezra avait accepté de l'écouter en se disant qu'elle était certainement dans un sale état et, contre toute attente, avait même fini par lui ouvrir son cœur comme jamais il ne l'avait fait auparavant, avec quiconque. Une discussion qui lui avait fait autant de bien que de mal. Et puis il avait reposé le téléphone sur sa table de nuit, répondant à quelques messages écrits, jusqu'à ce qu'il abandonne. Ezra avait ignoré la sonnerie et l'écran du portable qui s'allumait sans cesse, éclairant sa chambre d'une lumière pâle et fantomatique. La nuit avait passé sans qu'il ne puisse se rendormir, envahi par un flot incessant de sentiments et de pensées qu'il cherchait à refouler depuis leur séparation. Toutes ces images des moments qu'ils avaient partagé, le souvenir de ses lèvres sur sa peau, de la douceur de sa main dans la sienne, de son regard joueur, intelligent et séducteur.  Des sensations qu'elle lui procurait, bestiales et tendres pourtant. Cette façon qu'elle avait de se blottir contre lui comme une petite fille, après leurs nuits d'amour, pour se sentir protégée par son étreinte rassurante. C'était tellement douloureux de penser à ça, alors qu'il avait fini par se reconstruire ! Ce fut au commissariat qu'il reçut le second appel, aux alentours de neuf heures : cette fois, Dakota fut beaucoup plus agressive et il coupa court à l'appel avec l'affreuse sensation que le monde avait cessé de tourner. Elle ne se souvenait pas du premier appel. De ce qu'il lui avait avoué. Elle avait tout oublié, et plus que jamais il la haïssait. A quoi est-ce que ça pouvait servir d'ouvrir son cœur, à part de souffrir ? Pourquoi les gens succombaient-ils à l'amour ? Aimaient-ils souffrir ?

« Putain ! » jura-t-il en écartant brusquement son fauteuil du bureau. Perdu dans ses pensées, Ezra avait lâché sa tasse de café qui avait inondé le paquet de feuilles posées devant lui. Heureusement, il ne s'agissait que de feuilles vierges sans importance. Il n'arriverait à rien aujourd'hui, de toute façon. Pas tant qu'il resterait le cul posé sur cette chaise, à remplir des dossiers. Ezra essuya rapidement la tâche de café et s'empara de sa veste pour quitter son bureau qu'il ferma à clé. Son service était terminé depuis au moins deux bonnes heures ; il avait cru pouvoir se changer les idées en restant ici, mais c'était peine perdue. Il ne prit pas la peine de saluer ses collègues qui comprirent qu'avec les cernes qu'il avait sous les yeux, Ezra n'était pas au meilleur de sa forme. Ce fut avec un effort monumental qu'il monta dans sa voiture pour rentrer chez lui. La musique revisitée de Snow Patrol « What if the Storm ends ? » qui lui servait autrefois d'hymne en pensant à cette femme rythma son trajet durant lequel il tenta en vain de penser à autre chose que sa haine aveuglante envers son ex qu'il maudissait profondément. Pourquoi avait-il décroché ? Pourquoi avait-il accepté de lui parler alors qu'il la rejettait depuis des mois ? Si Ezra l'avait envoyée se faire voir à de multiples reprises, c'était justement pour éviter ce qui était en train d'arriver à ce moment précis : avoir l'impression d'être vulnérable, faible, à la merci de quelqu'un, détruit, malheureux. Il n'avait pas à souffrir pour Dakota, qui ne l'avait pas accepté tel qu'il était, avec une sœur à protéger qu'il ferait passer avant n'importe qui en ce monde. Et ce, quoi qu'il arrive. Ezra s'engagea dans Wayland Street, ravi d'être si près de chez lui. Peu importe l'heure, il allait se laisser tomber sur son lit et dormir jusqu'au lendemain sans interruption. Mais au fur et à mesure qu'il avançait, deux silhouettes se détachèrent nettement dans la rue et ce fut avec horreur qu'il reconnut la cascade de cheveux blonds de Dakota. Le shérif poussa un soupir presque déchirant et passa sa main sur son visage, avant de baisser la vitre de la voiture pour s'arrêter à leur hauteur. Plus que le visage de son ex, ce fut celui de l'homme qui l'attira. Il savait parfaitement qui il était, parce qu'il l'avait déjà arrêté. Son cœur fit un bond ; que faisait-il avec elle ? « Bonsoir, shérif. » Il plissa légèrement les yeux et répondit seulement, en guise de salutation : « Mademoiselle Fitzgerald. » Ezra trouvait insupportable d'être associé à l'image sulfureuse de Dakota. Dakota la croqueuse d'hommes, celle à qui personne ne résistait. Il ne supportait pas d'être l'un d'eux, faible face à sa beauté insolente, même dans des moments comme celui-là où elle avait l'air fatiguée, pâle, fragile. Tomber au plus bas, se laisser guider par ses instincts primitifs, ça ne lui ressemblait pas. Mais Dakota provoquait ça en tout le monde, et Ezra détestait qu'on sache qu'il était son ex. Aussi se montrait-il plutôt distant, presque étranger. Il sortit de la voiture et s'approcha davantage d'eux. « J'imagine que vous savez ce qu'il va vous arriver. » déclara-t-il simplement à l'attention de l'homme qui se renfrogna. « Je n'ai rien fait ! C'est elle qui me cherche ! Elle m'a proposé de venir chez elle ce soir, elle insiste lourdement et elle m'a même tordu le poignet ! » se défendit-il en lui montrant son avant-bras comme si cela avait été une preuve tangible. Les yeux bleu-gris d'Ezra se posèrent alors sur Dakota, sondeurs. Était-ce la vérité ? Peut-être. En fait, si l'homme n'avait pas été un harceleur récidiviste de première, Ezra aurait pu le croire. Mais d'habitude il s'attaquait aux lycéennes, pas aux femmes de près de trente ans. « Tournez-vous, je vous embarque au poste. » Il lui passa les menottes en l'ignorant tandis qu'il insultait Dakota de catin et lui d'enfoiré. « Suivez-moi sans faire d'histoires tous les deux. » ajouta-t-il à l'adresse de la jeune femme qu'il n'avait bien sûr pas pu menotter, et qu'il ne voulait pas menotter. Il allait simplement prendre sa déposition et la laisserait repartir.

C'est ainsi qu'Ezra fit demi-tour pour retourner au commissariat, alors qu'il aurait du enfin avoir droit à du repos. Il jeta de temps en temps des coups d’œil dans le rétroviseur pour s'assurer qu'ils étaient tous les deux tranquillement à leur place et reporta son attention sur la route. Il ne savait pas ce qu'il avait pu faire pour qu'on lui mette Dakota dans les pattes à ce moment précis. La vie était une belle catin. « Occupez-vous de celui-là, je m'occupe d'elle. » ordonna-t-il à l'un de ses collègues qui plaisanta sur une carte V.I.P à offrir au harceleur-récidiviste à cause de ses nombreux passages ici, tandis qu'il s'éloignait en direction de son bureau en entraînant Dakota par le bras sans autre forme de procès. Il la fit entrer et referma la porte derrière lui, avant de contourner son bureau pour s'asseoir sur son fauteuil. « Assied-toi. » demanda Ezra en désignant le fauteuil qui faisait face au sien d'un léger signe du menton. C'était la première fois qu'il se retrouvait seul avec elle de la sorte depuis ce qui lui semblait faire une éternité. C'était gênant et désagréable, presque surréaliste. « Bon, je suis sensé te poser des questions comme ton nom, ton âge, des trucs inutiles de ce genre mais je remplirai le dossier moi-même plus tard. Nous allons aller droit au but : est-ce que ce qu'il dit est vrai, est-ce que c'est toi qui lui a proposé d'aller chez toi ? » Une voix intérieure lui hurlait qu'il espérait que ce ne soit pas le cas. Pourquoi fallait-il qu'elle se salisse de la sorte, alors qu'elle était la plus belle femme qu'il n'ait jamais vue ? Pourquoi fallait-il que Dakota cherche le bonheur dans ce qui ne ferait que la rendre plus triste encore ? « Cet homme est connu de nos services, expliqua-t-il, mais généralement il ne s'en prend qu'aux lycéennes et aux étudiantes. Je dois donc être sûr que tu dis la vérité, pour ne pas l'inculper sans raison. » De toute façon, Ezra rêvait de le faire enfermer. Un harceleur méritait de finir derrière les barreaux. Et même si Dakota mentait, il soutiendrait son mensonge. Ce n'était pas très professionnel, mais c'était ce que sa morale lui dictait. Ezra se détourna de l'écran d'ordinateur pour croiser les bras sur le bureau, devant lui, et observer son ex. Il aurait donné n'importe quoi pour ne pas être ici, ne pas devoir lui faire face. C'était trop dur, il avait le cœur en miettes. Obligé de garder la tête haute et une attitude neutre, faire fi des mots qu'il avait murmurés au téléphone la nuit précédente. Elle ne s'en souvient pas. Il avait envie de se jeter sur elle, la secouer, lui crier sa haine et son dégoût. « Ah, et la prochaine fois, évite de m'appeler en pleine nuit. Je travaille déjà une nuit sur deux, j'aimerais pouvoir avoir la chance de dormir de temps en temps. Toi aussi tu devrais dormir la nuit, d'ailleurs. » dit-il en croisant cette fois les bras sur son torse, sévère. Ezra ne savait pas vraiment pourquoi il avait abordé ce sujet alors qu'il voulait à tout prix l'éviter. De toute façon il était foutu, il devait passer du temps avec elle ici, et il devrait la ramener chez elle.
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MessageSujet: Re: dakezra + nightcall.   dakezra + nightcall. EmptySam 5 Juil - 4:45

   
Nightcall.
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Oh, qu’elle haïssait cela. Dakota était l’apparence même du sang-froid et de la maîtrise de soi, alors qu’elle était clairement en train de perdre pied. Les bras croisés sur sa poitrine, elle dissimulait ses mains crispées sur le tissu de sa chemise avec habilité. Son regard affrontait l’orage des prunelles sombre du shérif sans faillir. L’image du courage, de la stabilité. Le beau mensonge. Elle se sentait faible, si faible qu’elle aurait probablement pu en crever. Avec tous les agents de police que comptait Lewisburg, pourquoi avait-il fallu qu’elle tombe sur lui ? Plus important encore, pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi après qu’elle ait passé ces appels ? Le visage d’Ezra lui était fermé, n’exprimant qu’un mépris faisant probablement écho au sien et il semblait nettement plus intéressé par le compagnon d’infortune de la jeune femme. Elle n’aurait su dire si c’était bon signe ou mauvais signe, ce silence, cette façon qu’il avait eu de la saluer platement avant de rapidement porter ses yeux ailleurs, comme si sa simple vue lui donnait la nausée. Était-ce le cas ? Elle éluda la question, refermant plus fermement ses bras autour d’elle en espérant que cela comblerait ce vide qui la torturait en sa présence. Elle détestait sentir ce manque qu’il avait provoqué en elle en disparaissant de sa vie. Elle n’aimait pas se sentir dépendante, seule ou même seulement blessée. Elle n’était pas comme ça, elle, elle était forte. Elle n’avait besoin de personne. Foutaises.

« J'imagine que vous savez ce qu'il va vous arriver. » Il avait le ton tranquillement menaçant d’un homme qui a contemplé maintes fois la même scène et qui est habitué à en découdre. Brusquement, l’étranger changea de comportement et pointa vaguement dans la direction de la belle blonde qui manqua de s’étrangler de surprise en l’entendant. Elle, la fautive ? Elle, qui l’avait forcé à venir chez elle ? Pour qui la prenait-il, cet enfoiré ? Les sourcils froncés sur ses prunelles couleur saphir, elle répliqua avec son mordant coutumier : « Mais t’es complètement malade, mon pauvre ! J’en ai … » Le regard d’Ezra, soupçonneux et interrogateur, la coupa dans son élan plein de véhémence. Est-ce qu’il était en train de la juger, de réfléchir à la possibilité que ce type dise vrai ? Elle considéra un moment l’option de les planter là, ces deux emmerdeurs, de continuer son chemin vers le centre-ville pour se trouver un bon restaurant où assouvir sa faim dévorante et oublier qu’ils avaient jamais existé. L’idée resta là, ballotée entre deux réflexions, entre deux envies. Celle de gifler l’étranger. Celle d’embrasser le shérif, même si elle se souvenait de la rudesse de sa barbe naissante qui la faisait délicieusement morigéner autrefois. Elle pinça les lèvres, silencieuse pour une fois. Qu’il pense ce qu’il veuille, elle se savait innocente dans cette affaire-là. « Tournez-vous, je vous embarque au poste. » Elle laissa l’esquisse d’un sourire victorieux ourler ses lèvres pendant qu’il se détournait pour menotter le suspect, mais son ravissement fut rapidement douché par ses paroles. « Suivez-moi sans faire d'histoires tous les deux. » « Tu plaisantes ? » C’était plus fort qu’elle.

La réplique avait fusé entre eux, faisant soudainement crépiter l’air d’étincelles agressives et dangereuses. Voilà où ils en étaient à présent, à alterner le froid et le chaud, le silence et les cris, l’ignorance et l’intérêt. Ils s’étaient perdus quelque part sur le chemin de leur séparation et ils n’étaient clairement pas parvenus à en faire le deuil. Pas elle, en tout cas. Dakota voyait avec effarement les failles dans son armure, les inégalités dans sa voix, les tremblements de ses muscles. Pourquoi personne d’autre ne les voyait à part elle ? La rançon de la gloire. L’efficacité d’un maquillage soigneusement appliqué avec les années, d’un masque que l’on porte depuis si longtemps que l’on a fini par oublier qu’il existe. Ruby était toujours là, avec son sourire affreusement parfait, ses gestes préenregistrés, son attitude à mi-chemin entre l’indifférence et le sarcasme. Peut-être restait-il davantage de l’artiste en elle qu’elle ne l’aurait cru. Peut-être l’avait-elle emportée avec elle dans ses bagages et qu’elle sortait les griffes dès que les évènements échappaient au contrôle de Dakota. Parce que c’était le cas. Son cœur faisait des ratés, à l’image de ces voitures rapides en fin de vie qu’on s’obstine à pousser dans leurs derniers retranchements. Dakota était humaine, faillible. Faible. Oh, si faible face à lui. Elle se mordit la lèvre inférieure face à son regard courroucé qui l’interdisait clairement d’essayer d’argumenter. « Fais chier. » Son murmure claqua dans l’air plus fortement qu’elle ne l’aurait souhaité, mais elle consentit à se glisser à côté de l’autre enfoiré sans plus rien ajouter. Le trajet fut horriblement long, entre les œillades d’Ezra qu’elle s’efforçait d’affronter bravement et la proximité de l’étranger qu’elle crevait d’envie de balancer sur la route pendant que la voiture roulait. Et ce soupir silencieux qui traversa leur esprit en même temps, cette sombre constatation : la vie est une belle catin.

Regard noir de la belle blonde lorsque le shérif l’attrapa par le bras, comme si elle était une criminelle de bas-étage ou la droguée du coin, celle que tout le monde connaît, qu’on répugne un peu à enfermer parce qu’elle a une gueule d’ange, mais qui nous emmerde à chaque fois avec ses embrouilles. Elle adressa son plus ravissant sourire insolent aux agents de faction, gagnant quelques cœurs par ce petit tour de passe-passe qu’elle maîtrisait à la perfection et qui l’aidait à prétendre que tout allait bien. Elle marchait droit vers l’échafaud, mais tout allait bien. N’est-ce pas ? Bien sûr. Elle serra les dents pour réprimer ses désirs de conflit, sentant notablement son rythme cardiaque s’accélérer dès qu’il referma la porte derrière eux. Elle ne s’était pas retrouvée seule avec lui depuis… Depuis ce soir-là, si ses souvenirs étaient bons. Et ils étaient d’une clarté effrayante. Il lui ordonna de s’asseoir, tout du moins c’est ainsi qu’elle prit le ton de sa voix, et elle mit quelques secondes à s’exécuter. Tout son corps lui hurlait de s’enfuir, de combattre, de faire quelque chose d’insensé. Au lieu de quoi elle venait de croiser simplement les jambes, dans un mouvement plein de naturel comme si elle ne se trouvait pas face-à-face avec son ex dont la simple mention de son prénom lui donnait des envies de meurtre et de pleurs. Peut-être un peu de sexe aussi, néanmoins l’effet venait plus probablement de ce bureau qui lui rappelait une nuit très précise : pendant que les patrouilles nocturnes maintenaient l’ordre dans la ville, Ezra était resté remplir quelques dossiers lorsqu’elle s’était pointée avec un sourire désarmant et un thermos de café bien noir. Ils avaient à peine commencé à discuter que les plombs avaient subitement sauté, les plongeant dans une obscurité certaine qui avait amené des situations amusantes et douloureuses, comme ses pieds écrasant les siens, une pile de papiers renversés, et… Autre chose. Quelque chose qui appartenait au passé. Quelque chose qui ne se reproduirait plus jamais. Elle s’humecta les lèvres en détournant les yeux du bureau, préférant affronter le visage du shérif. Sa question la vexa, profondément, mais elle préféra jouer la carte de la provocation. « A ton avis ? »

Mais le joli poisson ne mordit pas, continuant sur sa lancée avec un professionnalisme impressionnant. Elle modifia légèrement sa position sur le siège, collant son dos au dossier, décroisant les jambes pour les recroiser dans l’autre sens, posant les avant-bras sur les accoudoirs et nouant ses doigts devant elle. Tout, pour éviter de penser à cette pièce et à l’atmosphère qu’elle renfermait. Dakota se sentait terriblement mal à l’aise, acculée comme un animal pris entre les phares d’une voiture. Désespérée. Faible, encore, toujours. Faible, incapable de résister à l’attrait de ses yeux bleus ou au magnétisme de sa voix rauque. Elle cachait son malaise avec des sourires intrépides, de grands regards pleins d’assurance, une moue presque enfantine au bout des lèvres. C’était mieux que de penser à ce qu’ils avaient été. Mieux que de se torturer sur les évènements de la nuit dernière dont elle n’avait plus aucun souvenir. Mieux que de se demander à quoi il pensait, là maintenant, lorsqu’il la regardait. Mieux que tout. « Aux lycéennes et aux étudiantes ? Wouah, je devrais être flattée alors. Peut-être que tu devrais révisiter la case concernant mon âge, on sait jamais. Elle marqua une pause, infime, avant de reprendre avec un ton plus vindicatif et nettement moins plaisant. Qu’est-ce que tu en penses, shérif ? Est-ce que j’ai besoin de forcer qui que ce soit à me suivre ? » Oui, la haine et la colère étaient des sentiments plus faciles à gérer que la peine et le désir. Elle détourna la tête, dissimulant l’écueil de ses yeux pendant un bref instant. « Je ne lui ai rien fait, Ezra. Il a commencé à me suivre, je lui ai demandé ce qu’il voulait, il a posé sa main sur moi et je lui ai fait regretter son geste. Crois-moi, je regrette de ne pas avoir fait autre chose pour calmer ses ardeurs, au moins j’aurais des raisons notables d'être ici. »

Si elle avait subitement décidé de coopérer, c’était parce qu’elle savait qu’ainsi elle quitterait plus rapidement le bureau. Elle n’en pouvait déjà plus, de cette proximité, de ces échanges. Elle avait passé une nuit horrible, elle était épuisée, affamée, perdue. Elle avait l’impression qu’il détenait un morceau d’un puzzle qu’elle s’efforçait péniblement de reconstruire depuis plusieurs minutes et qu’il la narguait avec. « Ah, et la prochaine fois, évite de m'appeler en pleine nuit. Je travaille déjà une nuit sur deux, j'aimerais pouvoir avoir la chance de dormir de temps en temps. Toi aussi tu devrais dormir la nuit, d'ailleurs. » Crac. L’espace d’un éphémère instant, le temps d’un battement de cil, elle perdit sa façade parfaite. Envolé, le bel oiseau au plumage coloré. Elle n’était qu’une femme dont la mémoire a pris quelques jours de congés. Une fille qui a grandi trop vite, dans un monde trop grand et trop lumineux. Une gamine, qui a fait des erreurs et qui s’en est mordu les doigts jusqu’au sang. Un cœur amoureux, qui s’est brisé une fois de trop. « Ah… » Le souffle s’échappe d’entre ses lèvres durant ce bref moment de stupeur, mais elle reprend rapidement contenance et hausse les épaules, feignant l’indifférence. Et alors ? semble demander sa gestuelle nonchalante. « A moins que Lewisburg n’instaure la loi martiale et un couvre-feu, je suis encore en droit de faire ce qu’il me plaît à la nuit tombée. Je n’ai plus de comptes à te rendre, je pense que tu en as bien conscience. » Elle ne dira pas qu’elle est désolée pour la veille, pas plus qu’elle n’osera poser la question qui lui brûle les lèvres, qui lui remue les entrailles et la rend malade à en crever. Qu’est-ce qui s’est passé, Ezra ? Qu’est-ce qu’on s’est dit pendant ces minutes ? Qu’est-ce que j’ai bien pu raconter ? Qu’est-ce que tu m’as confié ? Les regards s’affrontent, se jaugent, s’étudient, se défient. Elle change encore la position de ses jambes. « Si ça peut te faire plaisir, sache que j’aurais préféré ne pas t’appeler. Je ne sais pas ce qui m’a… Elle se reprit ; elle ne voulait pas laisser sous-entendre que c'était encore vers lui qu'elle voulait se tourner instinctivement dès qu'elle avait un problème. Parce que justement, elle n'était plus son problème. Elle n'était plus rien pour lui. Enfin, ça ne se reproduira plus. J’effacerais ton numéro, juste au cas où la vilaine Dakota reviendrait au galop. » Sourire en coin, insolent, gamin, provocateur. Ses prunelles glissèrent vers le bureau qui les séparait et son sourire se fit plus suave. Elle échangea un regard lourd de sens avec le shérif, le genre qui dit « Hé, tu t’en rappelles toi aussi ? », le genre qui pousse à la faute sans mot dire. Le silence. Les reproches. Les questions. Elle se sentait étouffer dans cette pièce. Étouffer de rancœur, de mépris, d’amour, de tristesse, de désir. Étouffer d'eux. Étouffer de lui.
 
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MessageSujet: Re: dakezra + nightcall.   dakezra + nightcall. EmptySam 5 Juil - 16:46




NIGHTCALL
police station, ezra & dakota.

❖ ❖ ❖

« Aux lycéennes et aux étudiantes ? Wouah, je devrais être flattée alors. Peut-être que tu devrais révisiter la case concernant mon âge, on sait jamais. Qu’est-ce que tu en penses, shérif ? Est-ce que j’ai besoin de forcer qui que ce soit à me suivre ? » Ezra lui lança un regard méprisant sans prendre la peine de répondre. Ce n’était pas vraiment une question, ils connaissaient la réponse tous les deux. Il détestait Dakota de lui rappeler le pouvoir qu’elle avait toujours eu sur les hommes. Alors même qu’ils étaient ensemble, il suffisait qu’il la laisse quelques minutes pour la retrouver en compagnie d’un homme qui lui proposait de lui payer un verre. Comment résister à une telle femme ? Alors qu’Ezra avait toujours fui les femmes comme la peste, n’ayant laissé glisser ses doigts que sur le corps de trois ou quatre d’entre elles en plus de trente ans, Dakota se faisait un malin plaisir à les séduire et les faire tomber dans ses filets. Qu’avaient-ils en commun ? Certainement la tristesse. Ils l’exprimaient de façon totalement contraire, tellement opposée qu’il se demandait bien comment ils avaient pu rester ensemble si « longtemps ». Et pourtant, Ezra avait bien cru qu’elle serait la bonne. Il avait accepté, parfois, de se projeter dans l’avenir … Pour bien vite redescendre sur Terre. « Je ne lui ai rien fait, Ezra. Il a commencé à me suivre, je lui ai demandé ce qu’il voulait, il a posé sa main sur moi et je lui ai fait regretter son geste. Crois-moi, je regrette de ne pas avoir fait autre chose pour calmer ses ardeurs, au moins j’aurais des raisons notables d'être ici. »  Il leva les yeux au ciel et soupira, avant de mordiller l’ongle de son pouce. Il aurait dû la laisser dans la rue, aller au bar et rentrer ivre, seule ou accompagnée. Comme chaque foutu jour que Dieu faisait. Si il n’avait pas eu besoin de son foutu témoignage, il se serait bien passé d’elle ici. Mais là non plus, Ezra ne répondit pas. Ça ne ferait qu’envenimer les choses et il ne le désirait guère, quand bien même il lui aurait volontiers craché mille insultes au visage. Le shérif évita de s’attarder sur ses jambes fines et gracieuses qui provoquaient ses instincts masculins, appréhendant la suite des évènements. « A moins que Lewisburg n’instaure la loi martiale et un couvre-feu, je suis encore en droit de faire ce qu’il me plaît à la nuit tombée. Je n’ai plus de comptes à te rendre, je pense que tu en as bien conscience. » Il la foudroya du regard : pas de comptes à lui rendre ? Elle le dérangeait la nuit, l’empêchait de dormir, et ça ne le regardait pas ? Il s’attendit à ce qu’elle éclate de rire, signifiant que tout cela n’était qu’une blague, mais cela ne vint jamais. « Si ça peut te faire plaisir, sache que j’aurais préféré ne pas t’appeler. Je ne sais pas ce qui m’a… Enfin, ça ne se reproduira plus. J’effacerais ton numéro, juste au cas où la vilaine Dakota reviendrait au galop. »

Ezra serra les dents, s’efforçant de garder son calme au comportement de Dakota. Il fallait qu’il reste calme. Qu’il ne réponde pas à ses provocations. Il savait exactement à quoi elle pensait, car lui aussi y pensait. Il ne cessait de penser à cette fois où, au beau milieu de la nuit, ils avaient tout envoyé voler de ce bureau pour se livrer à quelque chose de plus intense et passionné que le remplissage de formulaires administratifs. Cette fois-là avait été particulièrement excitante et étourdissante, de par son goût d’interdit. Il ignora son regard enjôleur et son sourire de prédateur, se contentant de garder un air décontracté plaqué au visage miraculeusement.  « Très bien. » répondit-il en se donnant l’air soulagé, alors qu’au fond ça le blessait bien plus qu’il ne l’aurait voulu. Effacer son numéro, c’était renier ce qu’il s’était passé entre eux. C’était faire une croix sur son existence. Ezra n’avait jamais réussi à s’y résoudre. Qu’il le veuille ou non, Dakota avait fait partie de sa vie. Et il supportait mal l’idée qu’elle puisse aller jusqu’à effacer la seule chose qui lui restait de lui. Personne ne posséderait et n’attacherait jamais cette femme, Ezra l’avait toujours su. Toutefois, il avait espéré que leur relation marque l’esprit de Dakota comme elle avait marqué le sien. Il s’était certainement trompé. « Je suis un peu déçu, à vrai dire. Après notre conversation téléphonique de cette nuit, je m’attendais à te voir un peu moins … Désagréable. Mais tu ne te souviens de rien, n’est-ce pas ? » s’enquit-il en jouant avec la boule sur laquelle était aimantés quelques trombones. Si elle voulait le provoquer, lui aussi le pouvait. De plus, ce serait une bonne façon de s’assurer de ce qu’elle savait ou ce qu’elle ne savait pas. De savoir ce qu’il pouvait dire … Ou pas. Ces secrets dont il lui avait fait part et avec lesquels elle vivait sans le savoir. Ses désirs, ses craintes, ses doutes, l’affection qu’il ressentirait à jamais à son égard. « Quoi qu’il en soit, laisse-moi le temps de rédiger le rapport et je te reconduis chez toi. Ou ailleurs. » dit-il d’une voix appuyée. Ezra se retourna vers l’écran de l’ordinateur, oubliant partiellement la présence de Dakota en face de lui. Il prit soin de répertorier les informations qu’il avait au sujet de cette affaire, s’amusant à effacer pour changer les tournures de phrase comme un parfait gamin, ravi de la faire patienter. C’était une forme de vengeance des plus puériles, il en avait conscience. Mais la conscience d’Ezra était pliée en quatre en se tenant les côtes et n’arrivait pas à reprendre son souffle. Après dix bonnes minutes de silence, Ezra éteignit l’ordinateur et passa sa main sur sa nuque avant de reculer son fauteuil. « Bon, c’est terminé. Allez on bouge, je n’ai pas que ça à faire. » grogna-t-il en se levant. Cette fois, Ezra évita d’approcher Dakota de trop près. Il n’avait aucune envie de la toucher encore comme il l’avait fait en arrivant, les fois où il l’avait empoignée avec autant de ferveur à d’autres fins lui ayant laissé un goût d’inachevé dans le cœur et dans l’esprit.

Ezra eut la décence de ne pas la faire monter à l’arrière. Il n’eut toutefois pas la courtoisie de lui ouvrir la portière de la voiture comme il aurait pu le faire autrefois. Il s’installa au volant et fit crisser les pneus du véhicule sur les gravillons du parking. Pour pallier le silence étouffant, Ezra appuya sur le bouton « ON » de l’autoradio et monta le volume, pour laisser les Sonic Youth envahir le voiture avec leur fameux « Kool Thing ». I just want to know that we can still be friends. La vie de l’homme était une playlist musicale. Il jeta un coup d’oeil en biais à Dakota et se concentra de nouveau sur la route. Tout compte fait, il allait la laisser exactement là où il l’avait embarquée. Ezra n’avait nullement envie d’être celui qui la conduirait chez un autre, si tenté qu’elle ait voulu aller chez un homme. Le trajet fut plus court qu’il ne l’aurait cru, et ce fut avec une pointe de regret inattendue qu’il se gara le long du trottoir. Tous deux vivaient dans cette même rue, et pourtant elle lui semblait être à mille lieues de lui. « Il y a des risques pour que tu sois rappelée par le commissariat. J’espère qu’on pourra enfin le traîner au tribunal, et nous aurons certainement besoin de ton témoignage pour appuyer celui des autres pendant le procès. » dit-il avec le ton professionnel de celui qui connaissait son discours par cœur en coupant la musique. Super. Il ne savait pas quoi dire d’autre. De toute façon, Ezra n’avait aucune envie de parler à Dakota. Il appuya sur le bouton de sa ceinture pour la détacher, l’invitant ainsi à s’en aller. « A plus. » A plus ? Sérieusement ? C’était tout ce qu’il trouvait à dire à son ex ? Ezra soupira et détourna le regard pour regarder la rue.

hrp : je me disais que soit on peut trouver quelque chose pour qu’elle reste, soit on pourrait faire une ellipse temporelle par exemple, et ils se croisent plus tard dans la soirée dans un bar, avec un peu d’alcool dans le sang dakezra + nightcall. 3239837280 peut-être que ça les décoincera un peu pour parler, ça peut être explosif dakezra + nightcall. 1795315242
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MessageSujet: Re: dakezra + nightcall.   dakezra + nightcall. EmptyDim 6 Juil - 8:30

   
Nightcall.
There's something inside you, it's hard to explain. They're talking about you boy, but you're still the same. @ ALASKA.
 
 
Dakota se savait incapable d’effacer le numéro de l’homme en face d’elle. Elle avait déjà essayé, à de très nombreuses reprises, menée par la colère et la rancœur. Par la tristesse aussi, par les émotions dévastatrices que cette simple suite de numéros éveillait en elle. Le prénom d’Ezra, par contre, elle l’avait supprimé au profit du titre plus anodin de Shérif Swethenam. C’était plus aisé ainsi, son cœur ne s’arrêtait pas de battre à la vue du prénom. Elle avait fait beaucoup d’efforts, la belle blonde, pour se débarrasser de ces sentiments qui lui collaient à la peau comme autant de rappels incessants de son bonheur envolé. Pourtant il suffisait qu’il surgisse dans son champ de vision pour que tout lui revienne en plein visage, sans égard pour son cœur en miettes et ses pensées indisciplinées. Elle bravait les éléments avec sa morgue habituelle, prétendant que tout allait pour le mieux alors qu’elle s’effondrait un peu plus à chaque minute passée en sa compagnie. Le joli masque perdait ses plumes colorées au profit d’un teint livide et maladif. Si le corps de l’artiste demeurait parfaitement sous son contrôle en apparence, c’était un véritable ouragan qui se déchaînait à l’intérieur de sa poitrine. Il semait larmes, dévastation, sang et éclats de verre brisé. Elle savait déjà qu’elle n’aurait pas la force d’oser un quelconque sourire charmeur aujourd’hui, parce que tous ses efforts étaient concentrés sur la meilleure façon de rester en vie. La fatigue lui tordait les muscles, la tristesse lui floutait la vue. Tout était plus difficile en présence d’Ezra… Alors qu’il fut un temps où c’était le contraire, où elle se sentait prête à redresser la tête, à être à nouveau elle-même. Un homme pouvait-il être à la fois un mal et un bien ? Lui, sans aucun doute. « Très bien. » Ses traits prirent une teinte soulagée et elle serra les dents, forçant un sourire aimable. « Très bien. » L’affaire était close, il n’y avait rien de plus à ajouter concernant leur relation passée. Il n’y avait plus rien. Plus que des cendres et des reproches silencieux.

Elle mâchonna sa lèvre inférieure en dissimulant son désarroi de son mieux, un art dans lequel elle était plus que douée malgré elle. L’intervention du shérif mina toutefois ses tentatives pour retrouver son calme. Il mentionna, avec un air totalement décontracté, l’appel qu’elle lui avait passé hier soir. Apparemment, ils avaient discuté calmement, sans avoir envie de s’étriper ou de se raccrocher au nez. Et il ne s’attendait pas à ce qu’elle s’en souvienne. Sa mémoire lui filait entre les doigts comme du sable. Elle essayait, oh oui elle essayait pourtant. Elle cherchait dans ses brides de souvenirs la moindre indication au sujet de leur conversation, mais elle ne trouvait absolument rien. Le silence, les shoots de vodka-pomme, les ténèbres. Des flashs lumineux, l’absence de chaleur humaine. Quelque chose s’accrocha aux branches cassées de son esprit, un souvenir surgit des brumes de la veille. Elle avait pleuré en rentrant chez elle. Elle s’était endormie en pleurant. Inconsciemment, Dakota porta une main à son visage avec le sentiment que les larmes coulaient à nouveau sur ses joues. Mais ce n’était qu’une illusion. Elle vacilla et reprit son sourire insolent. « Je suis déçue aussi, je m’attendais à ce que tu ne m’embarques pas tout à l’heure parce que tu aurais été adouci par notre conversation. Faut croire qu’on s’est trompé tous les deux. » Elle ne répondit pas à sa question, préférant rester évasive même si elle était certaine qu’il savait qu’elle était incapable de se remémorer les évènements passés. La faute à trop d’alcool, la faute à son inconscient qui les refoulait probablement pour lui éviter d’être détruire par leurs mots doux. Elle haussa les épaules lorsqu’il lui annonça devoir taper sa déclaration et patienta. S’il espérait lui causer du désagrément ainsi, il en fut probablement désappointé car elle ne montra qu’une façade impassible tandis qu’elle prenait chaque pièce du puzzle pour la retourner dans son esprit. L’attitude d’Ezra, ses mots, ses silences aussi, cette pièce, la vodka-pomme, ce bureau. Non, mauvaise idée.

Finalement elle déplia les jambes devant elle en laissant sa tête rouler vers l’arrière, fixant le plafond avec le désir que tout lui revienne brusquement. Peut-être pourrait-elle ainsi le tirer de son mutisme ; elle détestait lorsqu’il était ainsi. La colère et les engueulades étaient plus saines que le silence ou l’ignorance. Après un temps qui lui parut infini, il lui signala qu’il avait terminé et elle retint un soupir entre ses lèvres closes. L'agacement qui perçait dans le ton de sa voix ne suffit pas à la faire sortir de son propre silence, parce qu'elle avait décidé de lui infliger la même punition. Et parce que c'était aussi plus facile ainsi de se torturer les méninges, plus facile que de mener deux batailles de front. Sur le chemin menant au parking, elle garda résolument la tête baissée pour éviter de croiser des regards masculins, n'étant clairement plus d'humeur frivole ou simplement agréable. Dakota sombrait, lentement, sûrement.

Elle fut d'une compagnie noire et désagréable pendant le trajet en voiture, ses prunelles bleutées désespérément fixées devant elle tandis que la musique emplissait ses oreilles et que les rares coups d’œil du conducteur enflammaient son sang. I don't wanna, I don't think so. Même la mélodie ne parvenait pas à entraîner son cœur, elle résonnait en elle en approfondissant encore ce sentiment de vide et d'abandon. Il allait la laisser là, elle le savait, là où il l'avait trouvée comme on abandonne un chien sur le bord de la route. Et alors qu'elle pourrait profiter de ces derniers instants pour essayer de lui tirer quelques informations, elle se taisait. Dakota avait la gorge terriblement sèche, son esprit tournait sur le même CD rayé. Ezra, hier soir, Ezra, douleur, Ezra, silence. Des crépitements instables, à l'image de ceux que l'on peut parfois entendre lorsqu'on laisse le disque défiler jusqu'à la fin sur un vieux phonographe. C'est presque hypnotisant, ce genre de silence. Elle sursauta en sentant sa ceinture se détacher avec un clic audible et coula un regard vers le shérif. « A plus. » Elle tourna à nouveau le visage vers l'extérieur, lui dérobant son sourire sarcastique. « A un de ces jours, Shérif Swethenam, ce fut un plaisir. Comme toujours. » Le chant du cygne. Elle se força à paraître heureuse de le quitter, alors qu'en vérité elle aurait aimer rester bien assise sur ce siège à écouter d'autres morceaux tourner en boucle. Rester simplement là, en sachant qu'il n'était pas loin. C'était idiot et inutile. Mais les cauchemars revenaient ces derniers temps, elle sortait le plus souvent pour éviter d'y penser avant d'aller se coucher, elle cherchait la compagnie d'autres hommes pour ne pas avoir à s'éveiller dans un lit vide et froid.

Si elle était restée là, Ezra n'aurait pas comprit. Il ne comprenait rien ; de toute façon, il ne l'avait jamais fait. Mais avec lui, il n'y avait plus eu de cauchemars. Et lorsqu'elle avait eu le malheur de lui avouer qu'elle avait besoin de passer plus de temps à ses côtés, plus de nuits au creux de ses bras, il l'avait repoussée. C'est à prendre ou à laisser. Insolente gamine aux caprices-tempêtes. Elle avait laissé filer sa chance, ou peut-être était-ce lui qui l'avait fait ? Lequel des deux était le plus perdant, au final ? Lequel souffrait le plus ? Était-ce un concours qui se jouait entre eux ? Y avait-il une façon de mesurer la peine et la douleur, un moyen de connaître la réponse ? Si cela existait, Dakota n'était pas sûre de vouloir savoir. Parce qu'elle avait peur qu'il ne la regrette pas, peur qu'il n'éprouve plus rien, peur qu'elle ne soit plus rien. Une jambe encore à l'intérieur de la voiture, elle s'immobilisa et, sans se retourner, reprit : « Je t'aurais bien invité à dîner au Rose, mais Claris doit t'attendre. » Une façon de dire qu'elle s'en souvenait de ça, de leurs quelques repas pris dans ce restaurant au service impeccable et à la note salée. Mais Dakota adorait danser et, dès qu'il le pouvait, Ezra lui faisait la surprise de l'y mener en s'amusant de son embarras à ne pas se présenter sous son meilleur jour. Elle se souvenait aussi de leurs disputes d'enfants, celles qui ne comptent pas.

Celles où elle lui disait « Je déteste ça. » Il la couvait de son regard amusé et feignait de ne pas comprendre. « Que tu me fasses la surprise, gros bêta. Que je me pointe dans le meilleur restaurant de la ville habillée pratiquement comme un sac à patates, simplement parce que tu as tenu à me laisser dans l'ignorance. Je déteste ça, ressembler à rien, j'me demande même comment tu fais pour oser te présenter à côté de moi ici, dans cette tenue. » Bien sûr, elle exagérait éhontément. Dakota n'était jamais mal habillée, tout au plus paraissait-elle moins femme fatale au quotidien. Et Ezra le lui disait en l'embrassant, riant franchement de sa moue boudeuse de gamine mal lunée et de ses grands gestes exaspérés. Il savait qu'elle n'était pas complètement sérieuse, qu'elle n'avait besoin que de son regard pour se sentir belle et qu'elle aurait pu tout abandonner pour lui. Il le savait. N'est-ce pas ? Elle l'avait cru, pendant un temps. Avant qu'il n'hausse les épaules en la regardant s'en aller, en restant assis sur cette foutue chaise comme si leur relation n'avait absolument pas compté. « Je danserai seule, j'imagine. » Elle se tint un moment droite sur la chaussée, lui tournant le dos pour qu'il ne perçoive pas ses traits trembloter et s'effriter. Elle s'était endormie en pleurant comme une enfant. A qui la faute ? A elle, évidemment. Et ses propres conneries, ses propres emmerdes. Bon sang, même pas trois heures après s'être jurée de ne plus jamais boire, la voilà qui y pensait à nouveau. Ce n'était pas une solution, elle le savait, toutefois il aurait été plaisant de s'endormir sans cauchemars, sans pensée, sans se souvenir de cette journée-là aussi.

Elle tira un paquet de cigarettes de son sac à main qu'elle trimballait partout, mit quelques secondes à trouver le briquet et sembla se rendre compte qu'elle tenait toujours la portière ouverte. Elle dévisagea ses doigts crispés sur le dessus, défit sa prise, observa les traces noires restées sur ses doigts. Comme un tatouage qui ne veut pas s'enlever, comme si, par tous les moyens, la vie cherchait à lui marquer à l'encre indélébile ses erreurs et ses choix. Elle serra le poing, prit la clope entre ses lèvres un peu trop pâles. « Bonne soirée, Ez. » La portière claqua entre eux, une autre porte qui se fermait sur leur relation. Mais Dakota n'osa pas se retourner une seule fois, parce qu'elle n'était plus en état d'affronter ses yeux bleus. Elle avait le regard embué, les gestes incertains. Elle n'était plus obligée de faire semblant tant qu'elle lui tournait le dos, alors elle s'en donnait à cœur joie. Sans attendre un quelconque signe de la part, elle s'engagea dans l'allée en laissant une traînée de fumée blanche et âcre. Les ténèbres enveloppaient Lewisburg dans un linceul de soie noire. Peu à peu, les lampadaires prenaient le relais du soleil mourant et c'était un tout autre monde qui s'offrait aux habitants. Un monde qu'elle connaissait bien. Dakota jeta sa cigarette à moitié entamée sur le chemin. Elle n'en n'avait plus envie. Elle n'avait même plus faim. Elle n'avait plus envie de rien. 
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MessageSujet: Re: dakezra + nightcall.   dakezra + nightcall. EmptyMar 8 Juil - 1:06




NIGHTCALL
police station, ezra & dakota.

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« A un de ces jours, Shérif Swethenam, ce fut un plaisir. Comme toujours. » Ezra serra les dents. Il ne devait pas relever. Se contenir face à cette femme et ses réactions sarcastiques était une épreuve insurmontable. Elle le rendait fou ; elle l’avait rendu fou d’amour, de désir, de colère, de tristesse. Fou tout court. A en perdre la tête. « Je t'aurais bien invité à dîner au Rose, mais Claris doit t'attendre. » Leurs rendez-vous au restaurant lui manquaient. Quand bien même il y allait avec Claris, c’était différent. Il s’agissait pour eux de moments privilégiés, durant lesquels le reste du monde cessait d’exister. Il n’y avait plus que Dakote et Ezra, et le resta n’avait plus d’importance. Il n’y avait rien qu’il aimait plus que passer chez elle à l’improviste pour l’y inviter, ne lui laissant ainsi pas l’occasion d’abhorrer son look de prédatrice du samedi soir. Dans ces moments-là, elle était juste Dakota Fitzgerald, la plus belle femme de Lewisburg, sans artifices. « Je danserai seule, j'imagine. » Là non plus, Ezra ne répondit pas.  A quoi bon ? Il la haïssait de toutes ses forces, chaque nouveau mot étant plus douloureux qu’un poignard planté en plein cœur. Même des semaines et des semaines après leur rupture, Dakota lui faisait payer d’avoir choisi la personne qui avait le plus besoin de lui sur cette planète. Elle ne lui pardonnerait jamais, et n’arrêterai de lui en faire baver que lorsqu’elle s’ennuierait. Ezra redoutait ce moment autant qu’il l’attendait car ce jour-là, il n’existerait plus du tout pour elle. « Bonne soirée, Ez. » La porte de la voiture claqua avant que le shérif n’ait eu le temps de prononcer le moindre mot. « Bonne soirée, Dak. » souffla-t-il le cœur serré en la regardant s’éloigner, cigarette aux lèvres. Pourquoi fallait-il qu’elle lui tourne le dos, comme ce jour-là ?

❖❖❖

Ezra tourna en rond pendant un moment. Ce qu’il venait de faire était irraisonné et complètement idiot. Mais il l’avait fait, bêtement.  Il ne tenait pas en place, se demandait s’il ne devrait pas tout annuler. Il sortit dans le jardin, rentra, monta au premier étage, redescendit, se laissa tomber sur le canapé. Puis se releva. Inspecta l’heure à sa montre, une fois, deux fois, trois fois. Son cœur battait la chamade comme un adolescent de quinze ans. Emotivement, Ezra Swethenam avait tout d’un adolescent pré-pubère. Le shérif inspecta son reflet dans le miroir, passa ses mains dans ses cheveux bouclés en bataille. Vêtu d’une marinière, d’un jean et de chaussures de cuir, il décida que ça irait comme ça et qu’il devait cesser de se torturer l’esprit. Ezra s’empara de sa veste, de son insigne et quitta la demeure vide. Claris n’était pas là ; il n’avait pas à veiller sur elle. Il s’engagea dans Wayland Street au pas, puis dans le centre-ville de Lewisburg. Il savait exactement où il allait. C’était une sorte d’intuition, de sixième sens. A moins que cela soit une évidence. Ezra se gara le long du trottoir, pour entrer dans ce bar un peu plus loin. Il ne mit pas longtemps à repérer Dakota parmi les clients. Toujours plus belle que les autres, plus provocante. Il s’approcha d’un pas décidé, bien que sa conscience lui hurle de faire demi-tour. Elle ne l’avait pas vu, rien n’empêchait Ezra de changer d’avis. Mais non, le Shérif ne fit pas demi-tour. Il avait appris à contrôler ses doutes et ses peurs, au profit d’un courage qui relevait presque du suicide. Il allait se heurter à un mur, à de la méchanceté, à des barrières qui s’étaient dressées entre eux au moment même où Dakota avait tourné les talons et mit fin à leur relation. « J’ai à parler à cette femme, pourriez-vous me laisser votre place ? » demanda-t-il froidement en posant sa main sur l’épaule de l’homme assis sur le tabouret à côté de celui de Dakota. Devant son incompréhension, il leva son insigne en forme d’étoile, qui eut pour effet de faire réagir l’autre immédiatement. Il savait qu’il avait bien fait de l’emmener, cela avait toujours de l’impact sur les gens. Mais c’était de l’abus de pouvoir. Ezra s’assit sur la tabouret en regardant l’homme prendre la fuite. « Je vous sers quelque chose ? » Il reporta son attention sur le serveur et sourit. « Un whisky sec. » Sans même regarder Dakota, Ezra enchaîna à son attention : « J’ai réservé une table pour deux au Rose. Il est déjà tard, si tu veux avoir la chance de danser ce soir il ne va pas falloir traîner. » déclara Ezra en portant à ses lèvres son verre de Whisky. Il se concentra sur la brûlure que provoqua le breuvage dans sa gorge,  pour se donner de la contenance. Proposé de la sorte, le dîner au Rose n’avait rien de romantique. Mais Ezra ne cherchait pas à être romantique, pas avec son ex. Il avait mûrement réfléchi à l’éventualité de cette invitation tandis qu’il rentrait chez lui, après l’avoir déposée : peut-être serait-ce enfin l’occasion pour eux de parler sans que ne se mêle à leur conversation les méfaits de l’alcool qui avaient poussé Dakota à oublier ce qu’il lui avait dit. L’occasion pour eux de tourner la page ?

« Je sais que tu détestes que je t’y invite par surprise. Mais ce n’est pas vraiment une surprise, puisque tu as émis l’éventualité d’une invitation. » se justifia-t-il en buvant une nouvelle gorgée de whisky. Ezra tourna enfin la tête vers elle, pour observer son visage fin et ses yeux bleus. Ils s’étaient parfois amusés à dire que s’ils étaient un jour amenés à avoir des enfants, ils auraient les plus beaux yeux du monde. Tous deux ne parlaient pas sérieusement d’enfants, il était beaucoup trop tôt. Mais Dakota était sans doute la seule avec qui il avait pu évoquer l’avenir, même pour rire. L’avenir était un sujet tabou avec les femmes, qu’Ezra fuyait comme la peste. C’était sans doute pour cette raison que les trois ou quatre qu’il avait côtoyées avaient toutes pris la fuite avant même qu’il ne s’en rende compte. Il n’avait pas compris Dakota, et elle ne l’avait pas compris. Ce qu’ils désiraient de la vie était radicalement différent et pourtant tellement semblable ! « Tu peux bien entendu refuser, j’inviterai Claris à la place. » ajouta-t-il avec un sourire provocateur en croisant les bras sur le comptoir. La vérité, c’était que si Dakota refusait son invitation, il le prendrait extrêmement mal. Et Ezra n’inviterait pas Claris à la place : il se conterait de boire jusqu’à en perdre pied, rentrerait chez lui ivre et énervé, et s’endormirait sur son canapé jusqu’à ce que la sonnerie du téléphone le dérange pour lui demander de venir au commissariat. Cette perspective était beaucoup moins plaisante que celle de passer du temps au Rose. Quoi qu’il fallait préciser que passer du temps en compagnie de son avait à priori peu de raison d’être plaisant. Néanmoins, cette soirée promettait d’être riche en émotion. Ezra avait bien conscience que le sujet de la conversation téléphonique reviendrait sur le tapis assez rapidement. Il termina de boire son whisky cul sec et se leva du tabouret en enfonçant ses mains dans les poches de son jean. « Alors, est-ce que tu viens ? » Il déposa un billet sur le comptoir pour payer leurs consommations et tourna les talons. Il savait que Dakota le suivrait. Il fallait qu’elle le suive. Les regards se tournèrent vers lui. Ezra n’avait pas besoin de les entendre pour savoir ce qu’ils pensaient tous : qu’il avait décroché le gros lot, qu’il allait passer une nuit de folie. Ah si ils avaient su … S’ils arrêtaient de ne se fier qu’aux apparences ! Un monde se cachait derrière les regards bleus de Dakote et Ezra. Un monde de secrets et de chagrins, de haine, de rancœur, d’amour. Il poussa la porte du bar et profita de la caresse de la brise sur son visage. Tout n’était que ténèbres à présent, et les rues étaient simplement éclairées par l’éclairage publique. Son ventre gargouilla. Il sortit de sa poche son paquet de cigarette et porta l’une d’elles à ses lèvres, histoire de tuer quelques secondes. Ou de lui voler quelques secondes de plus.
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MessageSujet: Re: dakezra + nightcall.   dakezra + nightcall. EmptyVen 11 Juil - 3:12

   
Nightcall.
There's something inside you, it's hard to explain. They're talking about you boy, but you're still the same. @ ALASKA.
L’homme à ses côtés avait une conversation des plus ennuyantes, mais sa présence contribuait à éloigner les autres mâles en quête de divertissement. Dakota avait suivi une énième impulsion ce soir, jugeant qu’elle n’était pas faite pour se morfondre et qu’il fallait bien qu’elle commence à faire le nécessaire pour se sortir son ex de la tête. L’exercice serait dur, éprouvant et très douloureux, mais c’était mieux que de se sentir bouillonner de l’intérieur dès qu’elle l’apercevait. Après leur bref entretien au poste, elle était directement remontée chez elle ; l’environnement familier, l’isolement, tout cela lui avait permis de faire à nouveau le point et de calmer les battements désordonnés de son cœur. Là-haut, assise en tailleur sur son lit au dernier étage de son triplex, elle avait fixé les lueurs de Lewisburg qui s’étaient brouillées à cause des larmes qu’elle retenait. Et soudainement, ce fut clair : elle ne pouvait pas rester là. Elle ne pouvait pas se renfermer sur elle-même, elle ne pouvait pas continuer à se faire balloter entre haine et désir, tristesse et sarcasme. Or, l’unique moyen qu’elle connaissait pour s’aérer l’esprit était justement de sortir. Quand bien même elle aurait mille fois préféré rester chez elle, elle n’en possédait pas la force. Si elle ne quittait pas ces quatre murs, elle risquerait de ne plus jamais pouvoir le faire. Ezra hantait déjà ses pensées et ses nuits, elle n’avait pas l’intention de le laisser garder cette emprise sur elle. Plus maintenant. Alors elle s’était mise à mentir, à se mentir, à mentir aux autres. Tout va bien. Attrapant une robe dans sa penderie, elle s’était rendue dans la salle de bain pour étudier son sourire face au miroir. Sublime masque. Parfait mensonge. Il fallait que ce soit suffisamment crédible pour qu’elle finisse par y croire à son tour. Pour qu’elle se laisser berner par ses propres mensonges.

Or, présentement, la jeune femme en venait à regretter sa décision irréfléchie. Mentir, c’était bien. Elle savait jouer la comédie, elle savait faire semblant, mais elle avait surestimé ses propres capacités. Alors que l’heure s’étirait désagréablement et que sa faim se rappelait à elle – Dakota n’avait même pas pris la peine d’avaler quoi que ce soit depuis son réveil, trop contrariée par ses échanges verbaux avec le shérif – elle faisait lentement tournoyer le liquide ambré dans son verre en cherchant le meilleur moyen pour fausser compagnie à l’homme. Son babillage incessant produisait un bourdonnement désagréable à ses oreilles. En d’autres circonstances, elle aurait pu passer outre. Sans doute lui aurait-elle fait la conversation, usant de son sourire charmeur pour qu’il ne soit bientôt plus capable de penser à autre chose qu’à elle. Il portait un costume italien, des cheveux en bataille blonds cendrés et un sourire ravageur. Une distraction parfaite pour un mensonge parfait. Seulement, son cœur brisé se refusait à considérer l’option. Elle n’y arrivait tout simplement pas. Fixant le verre de whisky qu’elle n’avait pratiquement pas touché – loin d’elle l’idée de se soûler une seconde fois – elle entrouvrit les lèvres pour lui annoncer son départ lorsqu’une voix trop familière résonna à ses oreilles. Non. Non, ce ne pouvait pas être lui. Pas encore. Ses prunelles bleutées ancrées dans l’océan mordoré qu’elle tenait dans sa main droite, elle se figea. La raison de sa venue ne se fit pas attendre et elle la surprit encore plus que son irruption dans le bar. Comment savait-il où elle se trouvait ? Elle-même s’était laissé mener au gré de ses inspirations, laissant ses pas décider pour elle. Pourquoi lui proposait-il ce rendez-vous ? Elle se corrigea instantanément. Ce n’était pas un rendez-vous. Le ton qu’il prenait n’avait aucune intonation enjôleuse, et ils n’étaient de toute façon pas prêts à réitérer l’expérience. Leur rupture n’avait pas eu lieu pour rien. Quelque chose n’allait pas, ou plus, entre eux. Alors pourquoi avoir fait le déplacement ?

Intriguée, elle décida de le laisser poursuivre, quand bien même son instinct de préservation lui hurlait de s’enfuir à toutes jambes. Sauve-toi, lui disait-il, sauve-toi tant que tu le peux, sauve ce qui peut encore l’être de toi. Il reprit, mentionnant ce qu’elle lui avait lancé une ou deux heures plus tôt lorsqu’ils s’étaient séparés. Malgré elle, un sourire amusé fit frémir ses lèvres. Alors c’était ça ? C’était bête. Et pourtant, elle était heureuse qu’il ait commis cette bêtise pour elle. Qu’importe où les mènerait cette nuit, elle avait au moins eu un bon départ. Nul désir de conflit ne minait pour l’instant son cœur. Dakota était prête à baisser les armes, au moins pour un temps. Elle était lasse de cette guerre permanente qu’ils s’infligeaient depuis cette nuit. Elle était fatiguée de devoir faire semblant, de prétendre qu’elle ne souffrait pas et qu’elle n’éprouvait plus rien à son égard. Oh, elle le détestait toujours. Passionnément, même. Mais ce soir serait peut-être l’occasion pour elle d’effacer cette rancœur pour tourner la page. La solution n’était clairement pas de s’éviter et de se haïr, elle ne leur avait pas réussi en tout cas. Ils n’étaient parvenus qu’à se blesser davantage chaque fois, qu’à se torpiller le cœur de la pire façon qu’il soit. « Tu peux bien entendu refuser, j’inviterai Claris à la place. » Elle leva le verre toujours rempli devant elle, s’amusant des reflets dorés qui venaient jouer sur son visage. « Ta gamine n’a clairement pas la prestance pour le Rose ; ce serait risquer de les offenser que de l’y emmener, ils ont des standards tu sais. » Quand bien même elle n’éprouvait présentement que du mépris pour la petite sœur d’Ezra, elle n’était pas parvenue à insuffler l’étincelle désagréable qu’elle lui réservait habituellement. Amusée et provocatrice, elle masqua son sourire naissant en portant le whisky à ses lèvres. Son masque d’impassibilité, où était-il ? Laissé quelque part dans cette chambre en haut du triplex, brisé, inutilisable. Elle était incapable de jouer plus longtemps.

Il l’abandonna en laissant un billet sur le comptoir, qu’elle identifia rapidement comme étant suffisant pour payer leurs consommations. Elle leva les yeux au ciel, agacée par ce geste, tentée de signaler au barman qu’il devait faire un compte séparé. Mais déjà, Ezra s’éloignait et elle se sentait irrémédiablement attirée à sa suite. Terminant sa boisson d’une traite, elle attrapa son sac à main, le glissa sous son bras et lui emboîta le pas ; quelques regards curieux s’attardèrent sur le couple et elle n’eut aucun mal à les ignorer. Elle y était habituée, elle savait ce qu’ils pensaient et elle avait appris à ne plus y porter la moindre espèce d’importance. De toute façon, ils se trompaient. Tout ce qui se profilait à l’horizon, c’était une soirée des plus étranges, des plus troublantes, des plus dérangeantes. Elle était quasiment persuadée que les piques allaient fuser dans quelques minutes, qu’ils redeviendraient hostiles, prêts à se massacrer sur la moindre phrase, prêts à éparpiller aux quatre coins du monde les morceaux de leur cœur. Ils s’étaient aimés bien trop fort pour devenir amis. Ils s’étaient quittés bien trop brutalement pour ne plus s’aimer. C’était probablement malsain, mais qu’y pouvaient-ils ? Tant qu’ils n’auraient pas eu cette discussion tant honnie, ils seraient incapables d’avancer dans leur vie. Elle s’immobilisa à ses côtés, son regard perçant cherchant la moindre esquisse moqueuse sur ses traits. Et s’il partait ? Et s’il lui avouait que tout ceci n’était qu’une vaste blague ? Elle lui crèverait les yeux. Elle s’amuserait à rayer sa voiture avec son trousseau de clefs, parce qu’au moins ça, ça la distrairait. Et plus que le désir de connaître le fin mot de leur histoire, elle voulait savoir ce qu’ils s’étaient dit la veille. Qu’est-ce qui justifiait le revirement d’Ezra ? Qu’est-ce qui le motivait à revenir auprès d’elle alors qu’il savait qu’ils étaient toxiques l’un pour l’autre ? Néfastes. Dangereux. Destructeurs. Elle passa sa main libre dans sa crinière blonde tandis qu’il s’allumait une cigarette.

« Tu ne sais pas ce que tu risques, shérif. » Sourire insolent, amusé plus que moqueur. Sourire qui se voulait mise en garde. Était-il prêt à l’affronter ? Savait-il ce qu’il encourait ? La nature suave de Dakota émanait d’elle en permanence, elle était entêtante, persuasive, elle collait à la peau et obstruait les sens. Ce charme qui était une partie inhérente de son être, elle avait appris à le maîtriser et à l’utiliser pour son image professionnelle autrefois. Elle s’en était servie pour être Ruby. Elle fit un pas vers lui, affrontant ses yeux avec l’aplomb de celle qui n’a peur de rien alors qu’en réalité elle était terrorisée par son regard et leur proximité. Parce que cela lui rappelait bien trop de souvenirs, cela ramenait en elle trop de sentiments qu’elle ne voulait plus ressentir. Elle prit un moment pour se donner contenance, dévisageant la marinière qu’il portait et songeant à sa robe de broderies blanche à doublure, qu’elle avait choisi totalement par hasard. Un bandeau crème lui ceignait la taille et la coupe s’arrêtait juste avant le genou. Presque sage, presque raisonnable. Mais sur Dakota, rien ne semblait véritablement innocent. « J’ai rien du Petit Chaperon Rouge. » Tendant sa main libre vers son visage, elle lui subtilisa la cigarette avec nonchalance, le défiant de l’en interdire. La fumée emplit ses poumons avec grâce. « Tu te jettes droit dans la gueule du loup, love. » Une trace, infime, de rouge à lèvres carmin se déposa sur la partie brune. Elle lui tendit la clope avec un sourire en coin. Avec ses talons, il ne lui semblait plus aussi grand – moins de dix centimètres les séparaient à présent. Elle resta là, à attendre qu’il lance sa réplique, avant d’élargir son sourire comme une gamine satisfaite et elle daigna enfin s’éloigner. C’était bien beau de prétendre, de faire semblant, de mentir, mais ce jeu la dévorait de l’intérieur. Sa bravoure n’était que feinte. Elle tremblait sous son regard, elle mourrait d’envie de s’en aller. Elle voulait lui crier dessus, parce que c’était plus facile ainsi. Elle voulait qu’il lui présente ses excuses, même s’il ne le ferait jamais. Pourquoi s’excuser de vouloir protéger sa sœur ? Il avait tellement de bonnes raisons de le faire qu’elle lui en voulait toujours un peu plus. N’avait-elle pas besoin de sa protection, elle ? N’y avait-il accordé aucune importance ? Six mois. Sa plus longue relation. La plus dévastatrice aussi. Elle improvisa une pirouette devant la voiture d’Ezra, une étincelle dansant au fond de ses prunelles bleutées. « On y va ? Je suis venue à pieds, alors à moins que tu n’aies envie qu’on se mette en retard, je propose qu’on prenne ta voiture. » Elle posa une main sur la portière, son visage prenant une teinte à la fois plus sérieuse et provocante. « J’ai vraiment envie d’aller danser, Ez. »
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